Les ministres passent, le chômage monte11/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2428.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les ministres passent, le chômage monte

Lundi 9 février le ministre du Travail Rebsamen a convoqué la presse pour faire l'annonce d'un plan de lutte contre le chômage de longue durée. À chaque nouveau ministre et à chaque nouvelle année, son nouveau plan.

Il y aurait, d'après Rebsamen, 2,2 millions de demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an, dont 750.000 depuis plus de trois ans. Ces chiffres sont en augmentation constante.

Le ministre a repris les mêmes arguments que ses prédécesseurs : le manque de qualification reconnue, l'âge, l'impossibilité de se déplacer, le fait d'avoir des enfants à charge n'aident pas à trouver du travail. Et comme tous les autres ministres du Travail, Rebsamen a promis, une fois de plus et sans aucun engagement chiffré, des formations, une meilleure orientation, la mobilisation de tous et les autres fadaises habituelles des politiciens en représentation.

Un seul détail suffit cependant à montrer qu'il se moque du chômage et des chômeurs et qu'il ignore la vie réelle des travailleurs. Il promet en effet un dispositif pour laisser ses enfants dans une crèche le temps d'un entretien d'embauche, à condition de prévenir à l'avance. Il ne sait évidemment pas qu'on est souvent convoqué du jour au lendemain. Il sait encore moins qu'aucune voisine, retraitée ou elle-même au chômage, qu'aucune grand-mère de famille ouvrière ne refusera de prendre les gosses au pied levé dans cette circonstance. Et il fait mine d'oublier qu'il manque des centaines de milliers de places en crèche, dans tout le pays et tous les jours !

Rebsamen pérore sur le malheur des chômeurs sans jamais prononcer le mot licenciement, comme si le chômage était une calamité tombée du ciel, sans explication et sans responsables. Les chômeurs sont pourtant par définition des travailleurs que les patrons ont mis dehors, quelles que soient les circonstances, fins de contrats temporaires pour la plupart, licenciements collectifs ou individuels pour les autres. C'est bien pourquoi la lutte contre le chômage, de courte ou de longue durée, commence par l'interdiction pure et simple des licenciements.

Les travailleurs ne pourront l'obtenir que par la contrainte, envers le patronat, l'État et les politiciens du genre de Rebsamen, de ses prédécesseurs et de ses successeurs.

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