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Législative partielle du Doubs : Les raisons de la montée du FN
Le candidat du PS dans la quatrième circonscription du Doubs a finalement gagné de justesse l'élection législative face à la candidate du Front national avec 51,43 % contre 48,57 %. Par rapport au second tour de 2012 qui était une triangulaire avec l'UMP, absente ce coup-ci, le PS perd 3 807 voix tandis que le FN en gagne 5 060. Toujours par rapport à 2012, l'abstention est en progression de plus de 10 points, elle dépasse la moitié des inscrits.
En moins de trois ans, le PS au pouvoir a écoeuré une bonne partie de son électorat qui ne voit plus l'intérêt de se déplacer pour voter pour un parti qui mène une politique voisine de celle de l'UMP. Il s'abstient donc, ou pire, se reporte sur le FN.
Certes, le PS gagne 8 832 voix entre les deux tours, mais Front de gauche, Verts, UDI, Modem, et une partie de l'UMP appelaient à voter pour lui. Le vote blanc - position officielle de l'UMP - a été multiplié par près de quatre par rapport au premier tour, avec 2 694 bulletins. Mais surtout le FN gagne 6 259 voix entre les deux tours, c'est dire qu'une partie des électeurs de droite ou des abstentionnistes ont voté pour lui au second tour. Il lui a manqué 863 voix pour emporter l'élection.
Dans la campagne du second tour, loin de s'adresser aux électeurs déçus des classes populaires, c'est à l'électorat de droite que le PS s'est adressé au nom du front républicain. Cet appel fait le jeu du FN qui peut se présenter comme seul contre tous, différent du PS et de l'UMP, complices pour garder la haute main sur des postes électoraux que le FN convoite. Cette concurrence-connivence affichée entre PS et UMP ne fait que renforcer un FN qui surfe sur les préjugés les plus réactionnaires.
Hollande lui-même, lors de sa conférence de presse, a reproché à l'UMP ses hésitations à appeler à voter PS lors de la partielle du Doubs, se vantant de n'avoir pas hésité un seul instant, lui, à voter Chirac en 2002 pour faire barrage à Le Pen. Quel barrage !
Chirac a gagné l'élection présidentielle haut la main en 2002, ce qui lui a laissé les mains libres une fois au pouvoir et a ouvert du même coup la voie à Sarkozy, élu en 2007 en reprenant les idées, et une partie des électeurs, de Le Pen. Après deux ans de pouvoir de la gauche, Le Pen fille et le FN sont ainsi en première position aux élections européennes et sont donnés en tête dans les sondages pour les futurs scrutins.
Le PS tente d'en tirer parti et mise sur l'inquiétude suscitée par la montée du FN pour conserver ses électeurs. Mais ce n'est pas le PS qui fera « barrage au FN ». Bien au contraire, car c'est sa politique au gouvernement au service des intérêts de la grande bourgeoisie qui nourrit le FN et lui apporte des voix sur un plateau.
Ce danger ne peut être combattu que par une remontée des luttes ouvrières pour faire payer aux capitalistes la facture de la crise de leur système et aussi par la renaissance des idées et des valeurs du mouvement ouvrier révolutionnaire.