Les travailleurs saisonniers : Précaires de précaires12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les travailleurs saisonniers : Précaires de précaires

Cette année, environ deux millions de contrats saisonniers seraient mis en place en France. Ils sont signés dans l'agriculture pour 850 000 d'entre eux, dans le tourisme pour plus de 30 %, dans la grande distribution... Mais en fait toute une série de patrons dont l'activité n'a rien de saisonnier embauchent leurs salariés sous cette forme de contrat précaire, parce que cela leur coûte moins cher et n'est pas interdit.

Par exemple, des supermarchés, des boutiques de vêtements, emploient des saisonniers pour faire face à des surcroîts d'activité. Des casinos utilisent également ce type de contrat, les collectivités locales et même la gendarmerie embauchent sous cette forme.

Le contrat de saisonnier est un contrat précaire, dont le principal avantage pour le patron est de ne pas devoir payer la prime de précarité de 10 %, versée aux CDD « classiques ». Le salarié ne bénéficiant officiellement que d'une « priorité à l'embauche » l'année suivante.

Dans les faits, nombre de patrons, et pas seulement les petits, profitent de la grande précarité des salariés embauchés et de leur manque de connaissance du droit du travail -- deux tiers des salariés saisonniers déclarent tout en ignorer -- pour imposer leur propre loi. Ainsi, d'après les chiffres fournis par les syndicats, dans 14 % des embauches de saisonniers, il n'y a pas de contrat signé. Souvent, les heures supplémentaires sont non payées, les pauses ou les jours de repos, pourtant obligatoires, non respectés, la durée maximale hebdomadaire dépassée, le versement des salaires fait « de la main à la main »... Les conditions de travail sont à l'avenant : la Confédération paysanne parle, pour les 14 000 immigrés saisonniers agricoles marocains, polonais ou espagnols, de forme « d'esclavage moderne ». Et les contrats peuvent ne durer qu'un mois, une semaine ou même un seul jour...

Quant à se loger, les saisonniers y consacreraient 56 % de leur salaire. D'après la Jeunesse ouvrière chrétienne, un tiers d'entre eux dorment dans les campings, et pour les 8 % qui sont logés par l'employeur, c'est souvent dans des conditions innommables : un patron a appelé « logement » une pièce de 6 m² au fond d'un hangar agricole avec un simple robinet d'eau froide et deux matelas jetés par terre...

Malgré l'absence de statistiques officielles, le nombre d'emplois saisonniers est en constante augmentation. Un signe de plus que l'emploi précaire, sous sa forme la plus rude, devient de plus en plus la norme.

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