Pour mettre fin à l'habitat dégradé : Aucune volonté politique12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pour mettre fin à l'habitat dégradé : Aucune volonté politique

Il y aurait actuellement en France entre 300 000 et 400 000 logements insalubres ou dégradés au point de mettre la santé et la vie de leurs occupants en péril. Incendies, explosions, effondrements des murs ou des planchers, chaque année des dizaines de personnes meurent pour n'avoir eu d'autre choix que d'habiter un taudis.

Près d'un million de personnes vivent ainsi dans des conditions indignes, des personnes en grande majorité de milieu modeste qui, faute de pouvoir accéder à un logement social, sont obligées de se rabattre sur ce type de logement : ménages pauvres, ouvriers, chômeurs, jeunes, travailleurs étrangers, en situation régulière ou non.

Si bon nombre tombent entre les mains de marchands de sommeil qui s'enrichissent de la pénurie en louant des taudis à des prix exorbitants, la moitié d'entre eux sont copropriétaires, mais ne peuvent plus, faute de moyens, payer les charges afférentes aux travaux d'entretien indispensables pour assurer la sécurité. Et avec la crise économique et l'extension du chômage, la dégradation des logements s'est accélérée. C'est ainsi par exemple que la cité du Moulin-Neuf, à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, est devenue « un bidonville vertical », les petits propriétaires ne pouvant plus payer à la fois leur crédit et les charges démesurées d'entretien des bâtiments.

Les municipalités populaires font souvent ce qu'elles peuvent pour chasser les marchands de sommeil et éradiquer les taudis. Mais les démarches sont longues : il faut déjà que la Préfecture ait pris un arrêté de péril, ensuite que les propriétaires bailleurs véreux soient déchus de leurs droits à louer un logement et que les habitants soient relogés, avant que l'immeuble puisse être démoli s'il est irrécupérable, ou réhabilité. Cela prend des années et, le temps qu'un immeuble soit réhabilité, plusieurs autres sont à leur tour tombés en décrépitude. En outre, les communes populaires, qui concentrent les taudis comme à Saint-Denis, sont loin d'être riches et ne peuvent venir seules à bout du mal-logement.

L'État, lui, aurait les moyens de mettre fin à cette situation, à commencer par les moyens légaux. Rien n'empêcherait le gouvernement, qui a la majorité dans les deux Assemblées, de faire passer une loi interdisant la location d'habitations insalubres, sous peine pour le propriétaire-bailleur de voir son bien immédiatement confisqué sans rachat ni indemnisation, le tout étant au contraire assorti de lourdes amendes. Et en attendant la construction de logements sociaux de qualité en nombre suffisant, qui seule mettra fin à l'insalubrité, il pourrait faire appliquer la loi de réquisition des logements vacants votée il y a plus de soixante ans.

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