ArcelorMittal -- Gandrange : Même fermée, l'usine tue encore !12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal -- Gandrange : Même fermée, l'usine tue encore !

Mardi 5 septembre, sur le site d'ArcelorMittal de Gandrange, deux ouvriers sont morts, ensevelis sous les décombres de la toiture d'une halle qu'ils s'employaient à démolir. Tous deux travaillaient pour le compte d'une entreprise spécialisée dans le ferraillage, elle-même sous-traitante du groupe Colas Démolition.

Depuis la fermeture de l'aciérie de Gandrange, en mars 2009, tous les moyens sont mis en oeuvre pour récupérer des pièces et de la ferraille. Dans de vieilles halles, vérolées par l'amiante, d'énormes cisailleuses montées sur des engins pneumatiques grignotent les piliers et coupent les poutrelles comme des fétus de paille. Il faut dire que cette gigantesque installation, tout en acier, est une source de revenus pour Mittal, qui revend cette ferraille à prix d'or. Le cours est élevé et il ne faut pas traîner pour un profit maximal.

Les deux travailleurs qui intervenaient sur la nacelle étaient présents sur le chantier depuis peu. Le plus jeune, un intérimaire âgé de 26 ans, était là depuis le mois de juillet, tandis que le second n'était arrivé que depuis deux jours. Selon les constatations actuelles, il n'y avait personne au sol pour sécuriser la manoeuvre.

Ils étaient à vingt mètres de hauteur sous le pignon de la halle lorsque toute la structure branlante s'est effondrée sur eux, ne leur laissant aucune chance de survie. L'enchevêtrement de poutres et de ferrailles était tel qu'il a fallu deux heures aux secours, à l'aide de chiens d'avalanches, pour localiser les corps.

C'est à huis clos que se déroule tout ce travail de démolition. Le chantier est entouré de grillages pour éviter toute intrusion... y compris des membres du CHSCT de la partie encore en activité de l'usine, qui n'ont aucun droit de regard sur le déroulement des opérations. L'accident a été caché au personnel d'ArcelorMittal. C'est par la presse et la radio que les travailleurs de l'usine ont appris cette catastrophe. Le lendemain, lorsque les représentants du personnel ont fait la demande de participer à l'enquête, on leur a signifié que leur présence n'était pas autorisée.

Ce n'est pas la première fois que ce genre de drame se produit. À chaque démolition de sites de la sidérurgie, comme à Joeuf, Rombas ou Longwy, des travailleurs ont perdu la vie. Cela ne doit rien à la fatalité mais à l'exploitation capitaliste qui fait des morts même en détruisant les usines.

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