Des tarifs « à la carte » de l'électricité et du gaz ? Comment dissimuler les hausses à venir12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des tarifs « à la carte » de l'électricité et du gaz ? Comment dissimuler les hausses à venir

Une proposition de loi vient d'être déposée afin d'instaurer des tarifs variables pour le gaz et l'électricité. En principe, on devrait payer plus cher quand on consomme beaucoup (moyennant un malus) et moins cher en cas de consommation économique (par un bonus).

Cette proposition, qui sera examinée lors de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre, pourra être adoptée ultérieurement. D'emblée elle suscite la méfiance. D'abord parce que le système existe déjà : chacun sait que, plus il consomme, plus il paye. La nouvelle proposition ne ferait donc qu'accentuer cette situation.

D'autre part, les plus gros consommateurs, qui utilisent plus de la moitié du courant électrique (électrochimie, électrométallurgie, transports, industries, etc., et même chose pour le gaz) ne sont pas concernés : seuls les particuliers, les « ménages », sont visés par cette mesure.

La proposition a pour but, prétendent ses promoteurs, de pénaliser ceux qui « gaspillent » du courant ou du gaz en chauffant des logements mal isolés (les « passoires thermiques ») ou qui en font une utilisation abusive.

Pourtant la question des centaines de milliers, voire des millions de logements mal isolés (et qui ne sont certes pas ceux des plus riches, qui ont les moyens de « gaspiller ») ne peut pas se résoudre par des tarifs augmentés, mais par une réhabilitation, sinon une reconstruction, des logements en question et par la construction aux normes correctes de nouveaux logements. Mais pour le moment l'État ne fait pas grand-chose pour construire ou reconstruire lesdits logements.

Visiblement, derrière cette mesure sur les tarifs qui se prétend vertueuse et économe, il y a l'objectif de reporter la responsabilité des futures hausses de l'énergie, qualifiées de « durables » et « inéluctables », sur les consommateurs eux-mêmes. S'ils payent de trop, ce sera de leur faute !

Bien sûr il est prévu pour les ménages les plus nécessiteux (souvent les mêmes qui sont contraints de se loger dans les « passoires thermiques ») des mesures pour les aider. Mais d'une part ce dispositif existe déjà plus ou moins, et d'autre part, comme c'est là le principal problème... on ne voit plus très bien à quoi devrait servir cette nouvelle méthode de tarification.

À moins qu'en fin de compte il ne s'agisse de faire passer des augmentations de tarifs, y compris pour les plus pauvres, comme des conséquences de situations particulières. En effet, ce nouveau système devrait aboutir à une situation semblable à celle de la SNCF : plus personne ne sait combien il devra payer un billet de chemin de fer tant qu'il ne l'aura pas acheté. On se trouvera sans doute face à une jungle des tarifs de gaz et d'électricité. Situation compliquée encore par les tarifs différents des concurrents à EDF pour l'électricité et à GDF pour le gaz.

Et enfin, la péréquation tarifaire, qui fait qu'on paye pour le moment l'électricité et le gaz au même prix sur tout le territoire, risque fort de disparaître.

Bref, voilà un projet pseudo-écologique dont le seul véritable but est sans doute de faire « avaler » les hausses à venir.

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