États-Unis : La révolte des enseignants à Chicago12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La révolte des enseignants à Chicago

La quasi-totalité des 26 000 enseignants des écoles publiques de Chicago se sont mis en grève lundi 10 septembre à l'appel de leur syndicat, le CTU. Ils sont bien décidés à y rester jusqu'à ce qu'ils obtiennent un accord correct. La dernière grève remonte à vingt-cinq ans et elle dura 19 jours.

Les négociations pour le renouvellement du contrat des enseignants se sont déroulées depuis le mois de novembre 2011, sans succès, si bien que ce contrat a expiré en juin dernier. En réalité le blocage est dû à la volonté du maire, Emanuel Rahm, un proche d'Obama, de faire passer en force de prétendues réformes qui sont autant d'attaques en règle contre l'école publique, contre les enseignants et contre les élèves. Il veut que sa ville soit à l'avant-garde dans l'application de la politique de privatisation de l'éducation, déjà menée par Bush et poursuivie de plus belle par Obama.

En réalité tous les moyens sont bons pour fermer des écoles publiques et se débarrasser de leurs enseignants. Évaluer les enseignants et les écoles en fonction de la réussite des élèves à des tests standards est une méthode privilégiée pour ce faire. C'est là un des principaux motifs de la grève mais c'est loin d'être le seul. Les enseignants qui ont été licenciés suite aux fermetures d'écoles ont d'autant moins de chance d'être rappelés « lorsqu'un poste sera libre » qu'il est prévu de fermer encore cent écoles publiques et de créer à Chicago un système scolaire public-privé. Les grévistes refusent ce plan et veulent des garanties pour les enseignants licenciés.

Sous prétexte que le budget scolaire est dans le rouge, les enseignants n'ont pas touché l'an dernier les 4 % d'augmentation qui leur étaient dus par contrat. Et maintenant on veut leur imposer un allongement de la journée de travail qui représente près de 20 % de temps de travail supplémentaire. Les augmentations de salaire proposées pour les quatre années du contrat sont très loin de faire le compte.

En fait c'est contre toute cette politique de démantèlement de l'école publique que la grève est si massive. Des milliers d'enseignants, parfois rejoints par des parents et des élèves, participent aux piquets de grève devant les écoles, et des manifestations colorées (tee-shirts rouge de rigueur) parcourent la ville, huant copieusement Rahm qui envoie ses trois enfants à l'école privée et lui criant : « On ne te laissera pas ruiner nos écoles. » « Assez, ça suffit ! », les manifestants expriment leur ras-le-bol de toute cette politique.

Celle-ci est menée à l'échelle de tout le pays, le gouvernement fédéral ayant fait pression pour que les États accélèrent cette marche à la privatisation et c'est partout une véritable guerre qui est menée aux enseignants du public, à qui les politiciens veulent faire porter la responsabilité du chaos dans lequel ils ont mis l'enseignement public.

À Détroit, par exemple, les 4 000 enseignants du système public ont été licenciés à la fin de l'année scolaire et ils ont attendu tout l'été pour savoir qui serait repris, pour enseigner quelle matière et dans quelle école. Deux semaines avant la reprise des cours, aucun ne savait quel sort lui était réservé. Inutile de dire que les écoles de Détroit sont dans une situation lamentable, comme le sont les écoles de bien d'autres villes. Partout des écoles fermées, des cours supprimés, des classes de plus en plus nombreuses, sont le lot des quartiers populaires.

Il n'y a plus d'argent pour l'école car les budgets scolaires ont été et sont encore ponctionnés pour voler au secours des banques, des grandes entreprises et des riches.

La grève des enseignants de Chicago, qui jouit de la sympathie de la population sans doute bien au-delà de la ville, pose évidemment un problème en remettant en cause la politique d'Obama au beau milieu de la campagne électorale pour les élections présidentielles de novembre prochain. Des négociations tentent donc de mettre fin rapidement à cette grève, qui risquerait de faire tache d'huile tant les problèmes sont aigus dans l'ensemble du pays. Les grévistes semblent bien décidés à obtenir de vrais reculs du pouvoir. En dénonçant devant tout le pays une politique véritablement criminelle envers la jeunesse des classes populaires, ils ont déjà marqué des points.

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