SeaFrance -Calais : Quel avenir pour le personnel ?30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SeaFrance -Calais : Quel avenir pour le personnel ?

Seafrance, filiale à 100 % de la SNCF, assure avec quatre navires et un millier de salariés (880 en CDI et plus d'une centaine d'intérimaires) la liaison Calais-Douvres pour les passagers et le fret. La direction ne cesse de réduire le nombre de bateaux et surtout le personnel : en 2004, il y en avait six pour 1 600 salariés.

Le 16 novembre dernier, la Chambre de commerce de Paris déclarait la société en liquidation judiciaire, avec poursuite de l'activité jusqu'au 28 janvier 2012. Elle repoussait les deux offres de reprise : celle de Louis Dreyfus Armateurs, associé au groupe danois DFDS, qui prévoyait de ne garder que 460 emplois et trois navires, et celle de la Société coopérative et participative (Scop), mise en avant par la CFDT de l'entreprise et soutenue par une partie des travailleurs, qui prévoyait de garder tous les salariés et les bateaux.

Le gouvernement et la SNCF n'avaient rien fait pour recapitaliser SeaFrance et éviter le dépôt de bilan, mais ils n'hésitèrent pas, dès le 15 novembre, à stopper le trafic des quatre navires et faire investir pendant quelques jours le port de Calais par un millier de gendarmes.

La décision du tribunal de la Chambre de commerce ne changea rien, puisque les administrateurs qui gèrent l'entreprise, tant qu'elle continue son activité, décidèrent de poursuivre le lock-out, au nom de la sécurité des passagers ! Comme si les marins avaient un quelconque intérêt à mettre cette sécurité en cause. L'équipage d'un navire bloqué à Douvres a même dû emprunter un navire de la compagnie concurrente pour revenir à Calais.

Le tribunal de commerce s'est donc prononcé pour la poursuite de l'activité, mais les mandataires des propriétaires faillis restent maîtres de faire repartir ou non le trafic ! La CFDT maritime Nord a dû attaquer la direction au tribunal de grande instance de Paris pour obtenir un accord avec les administrateurs judiciaires : après un bilan technique, le trafic pourrait reprendre le 12 décembre.

Selon les promoteurs de la Scop, il faudrait 25 millions d'euros pour assurer son démarrage. Pour le moment, il y a selon la CFDT plus de 700 salariés contributeurs de petites sommes. La SNCF, c'est-à-dire le gouvernement, maintient sa position de ne pas donner d'argent, sous prétexte que la Commission européenne y serait opposée. La région Nord-Pas-de-Calais a annoncé qu'elle mettra dix millions d'euros si un entrepreneur privé met aussi de l'argent. Jusqu'à présent, il n'y en a pas.

Même si cette Scop voyait le jour, on peut se demander quelles seraient les conditions d'emploi et de travail. Et surtout, dans la jungle capitaliste où tous les coups fourrés sont permis, il sera difficile qu'une telle entreprise puisse tenir le coup, malgré tous les sacrifices que pourraient consentir les travailleurs pour préserver leur emploi.

Alors, le minimum serait que l'employeur responsable, en l'occurrence la SNCF et donc l'État, paie pour garantir l'emploi et les salaires.

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