États-Unis : La faillite du comté de Jefferson... et celle du capitalisme30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La faillite du comté de Jefferson... et celle du capitalisme

Cet article est extrait du bimensuel trotskyste américain The Spark (L'étincelle) du 14-28 novembre 2011.

Début novembre, le comté de Jefferson, qui comprend la plus grande partie de la principale ville de l'Alabama, Birmingham, a été frappé par la plus grande faillite municipale de l'histoire américaine.

La faillite découle d'un projet d'égout qui a dépassé de façon extravagante le budget. Les coûts ont été alourdis par les entreprises du bâtiment et les sous-traitants qui ont surfacturé la construction des égouts, ce qui a engendré une première montagne de dettes. Celles-ci ont été ensuite multipliées par les banques de Wall Street, et notamment JP Morgan. Cette dernière a mitonné des montages financiers prétendument « créatifs », pour masquer l'augmentation de la dette pendant un court moment. En réalité, ces montages ont surtout fait grimper la dette de façon astronomique, et le coût du financement avec.

Le comté de Jefferson a été poussé à l'endettement et à la faillite par les banquiers, les entrepreneurs, les représentants locaux et les intermédiaires, qui ont transformé un projet d'égout en une mine d'or de plusieurs milliards de dollars pour tous ces criminels.

La population laborieuse et les travailleurs du secteur public ont déjà payé la note de ce beau gâchis. Les dirigeants locaux ont quadruplé les tarifs du service des eaux usées, et d'autres augmentations doivent suivre. Ils ont sabré les budgets du comté d'un tiers, supprimant plus de cinq cents emplois publics à cette occasion. Ils ont fermé plusieurs tribunaux, mis fin à l'entretien des routes et dégagé le département du shérif de la charge des accidents de la route.

Maintenant que le comté est en faillite, est-ce que les banques, les entrepreneurs et les autres suceurs de sang, qui ont fait de fabuleuses fortunes avec le projet d'égout et les montages financiers, devront rendre l'argent ?

Pas question. Ils vont continuer à tirer plus d'argent du comté. Le « chapitre 9 », c'est-à-dire la loi fédérale sur les faillites des municipalités, protège tous ces prédateurs. Elle spécifie que les gouvernements ne peuvent réduire ni leur dette, ni les versements dus aux banques et aux riches. JP Morgan, qui détient 1,2 milliard de dollars de créances sur les égouts du comté de Jefferson, continuera d'en tirer profit. Et il en est de même pour tous les autres riches créanciers.

La loi sur les faillites a été inventée pour que les gouvernants puissent plus facilement s'attaquer à la population laborieuse : pour réduire les dépenses, ainsi que les emplois, les salaires et la protection sociale des travailleurs. Et à coup sûr les prochaines victimes des restrictions budgétaires annoncées pour le 1er janvier prochain sont les maisons de retraite et les emplois d'inspecteurs des travaux. En se servant de la faillite, les dirigeants du comté de Jefferson sont en train de ramener le budget d'une importante métropole au niveau de celui de quelques villages ruraux.

Ce qui arrive dans le comté de Jefferson n'est qu'une partie de toute une série d'attaques que le gouvernement et les organismes d'État dans les grandes comme dans les petites villes sont en train de mener contre la population. (...) Le pillage des grandes entreprises et des banques est utilisé pour sabrer dans les services, les emplois, les salaires et la protection sociale des salariés. Dans l'État du Michigan, une nouvelle loi autorise les dirigeants à se servir du déficit budgétaire comme une excuse pour mettre en place un « responsable financier d'urgence », qui dispose de pouvoirs dictatoriaux pour passer outre les contrats signés avec les syndicats et sabrer dans les dépenses, y compris celles concernant les écoles.

C'est la réponse du capitalisme à la crise qu'il a engendrée : détruire les emplois et réduire le niveau de vie de la population laborieuse. Les infrastructures vitales et les services dont les travailleurs ont besoin, et qui permettent à toute la société de fonctionner, sont en train d'être liquidés.

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