Hôpital public : Au lieu de s'attaquer aux 35 heures, il faut embaucher !30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpital public : Au lieu de s'attaquer aux 35 heures, il faut embaucher !

Depuis des années, de gros titres remettent régulièrement à la une « la bombe à retardement des RTT à l'hôpital ». Et souvent, bien sûr, pour dénoncer les 35 heures et condamner la diminution du temps de travail. Mais les 35 heures sont une véritable mascarade pour les salariés de la fonction publique hospitalière.

Faute d'embauches d'infirmières, d'aides-soignants, de médecins en nombre suffisant pour assurer les soins, le personnel continue à travailler bien au-delà des 35 heures réglementaires. Ses conditions de travail se détériorent, de même que, parallèlement, les conditions de l'accès aux soins pour la population.

Les comptes épargne temps (CET) mis en place à l'hôpital en janvier 2002, en même temps que la loi sur les 35 heures, regorgent et débordent des innombrables journées de RTT que le personnel ne peut pas prendre, en compensation de ses horaires de travail au-delà de la durée légale.

Déjà en décembre 2005, pour l'ensemble des personnels hospitaliers, les compteurs affichaient 2,2 millions de journées de RTT, dont plus d'un million pour les médecins. Deux ans plus tard, fin 2007, c'étaient 3,3 millions de journées de RTT, dont 1,9 million pour les médecins, qui s'accumulaient. Aujourd'hui, on en est à plus de quatre millions, dont la moitié pour les médecins. Et on arrive, au 1er janvier prochain, à la date butoir fixée par la loi pour vider les compteurs

En 2008, la ministre de la Santé de l'époque, Roselyne Bachelot, s'était engagée à racheter, à payer 50 % des stocks de RTT, mais même cette promesse n'a pas pu être tenue, faute de vouloir y consacrer l'argent nécessaire. Et cela ne s'est pas arrangé depuis !

Quant à permettre aux personnels de prendre les jours de RTT auxquels ils ont droit, c'est une illusion. C'est même un cauchemar car bon nombre de services hospitaliers devraient alors être fermés pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, faute de personnel pour y travailler.

D'année en année et de gouvernement en gouvernement, quelle que soit leur couleur, à force de vouloir gérer les hôpitaux comme des entreprises ayant pour seul critère la rentabilité financière, on a réduit le personnel et diminué les budgets. Comme ailleurs, comme partout, les infirmiers, les aides-soignants et tout le personnel hospitalier doivent travailler à flux tendus. C'est une absurdité et c'est aussi un considérable recul pour les possibilités d'accès aux soins de la population.

Ce n'est certainement pas en supprimant les 35 heures à l'hôpital, comme certains le proposent aujourd'hui, qu'on désamorcera « la bombe à retardement des RTT », mais en embauchant et en rendant à l'hôpital ce qui lui est dû et lui revient de droit : l'argent public, celui du public.

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