Portugal : La grève générale du 24 novembre Une combativité ouvrière laissée sans perspectives30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : La grève générale du 24 novembre Une combativité ouvrière laissée sans perspectives

La grève générale du jeudi 24 novembre 2011 a été la réplique de celle qui avait paralysé le Portugal le 24 novembre 2010. Trains, autobus, métro et avions à peu près bloqués, embouteillages monstres aux portes des villes, écoles et postes fermées, hôpitaux n'accueillant que les urgences, manifestations dans des dizaines de villes : l'appel des deux centrales syndicales a été un succès.

Les travailleurs portugais ont toutes les raisons de manifester leur opposition au plan d'austérité que leur gouvernement a décidé, sur les conseils de la Troïka formée par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. Hausses de TVA, augmentation des tarifs des transports, du gaz et de l'électricité, pour les fonctionnaires gel des salaires et baisse de 15 % des revenus, pour le privé une demi-heure de travail supplémentaire non payé chaque jour : ces mesures, censées assainir les finances publiques et relancer l'économie, vont au contraire approfondir la récession, accroître le chômage et étendre la misère. Le journal Publico estime que la note sera de 6,2 milliards pour les familles, et de 655 millions, dix fois moins, pour les entreprises. On prévoit déjà pour l'an prochain un recul de 3 % de la production et un chômage à 13,4 %, au point que l'agence de notation Fitch dégrade un peu plus la note du pays.

Un an a passé depuis la dernière grève générale et, pour la population laborieuse, tout a empiré. Le seul changement a été celui du gouvernement, passé du Parti socialiste à la droite. Cela n'a pas été une amélioration, la droite reprenant le plan d'austérité socialiste et y ajoutant son grain de sel antiouvrier.

Face à ces attaques renouvelées, face à la crise qui frappe les travailleurs et toute la société, les propositions des syndicats et des partis de gauche n'indiquent aucune issue. Le Parti socialiste fait profil bas en attendant que la droite se déconsidère et le ramène au gouvernement. Le Parti communiste espère que le PS aura besoin de lui et lui proposera quelques ministères. Quant à la CGTP, la centrale la plus combative, proche du PC, elle chante le succès de la grève générale, dénonce les plans d'austérité de la droite et des patrons, mais ne propose à la classe ouvrière ni programme ni plan de lutte. Elle se contente d'affirmer qu'il faut renégocier la dette, relancer l'économie, augmenter le pouvoir d'achat populaire et combattre la fraude fiscale. Et pour elle cela ne peut venir que du Parlement : en fin de la manifestation de Lisbonne, la CGTP a fait approuver par acclamations l'appel à un rassemblement devant l'Assemblée nationale le 30 novembre, jour du vote du budget.

Les travailleurs portugais ont montré au cours de cette journée leur combativité. Mais pour répondre à la situation actuelle, il faut ouvrir une perspective. Il ne suffira pas d'une journée de grève générale tous les ans. Il faut un plan de lutte pour obliger la bourgeoisie à payer pour la crise qu'elle a provoquée. À elle de prendre sur ses profits, car les travailleurs ont droit, crise ou pas, à un emploi et un salaire décent.

Partager