De l'Égypte à la France La lutte consciente, seule voie de salut pour les exploités30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

De l'Égypte à la France La lutte consciente, seule voie de salut pour les exploités

Les images rapportées d'Égypte par la télévision montrent la violence des forces de répression contre les manifestants de la place Tahrir. Plus de 40 morts et près de 3 000 blessés. La police tire à balles réelles et les grenades lacrymogènes contiennent un gaz très concentré qui provoque de graves blessures.

La violence de la répression rappelle celle ordonnée en janvier 2011 par Moubarak, dictateur du pays à l'époque. Moubarak contraint de partir, lui ont succédé des généraux de l'armée qui a été le principal pilier de la dictature pendant des décennies.

Les dirigeants des grands pays impérialistes saluaient à l'époque d'autant plus bruyamment la « révolution arabe » qu'ils étaient déterminés à l'étrangler avant même qu'elle se produise vraiment. Les dirigeants des grandes puissances comme les porte-parole autoproclamés de la révolte de janvier prétendaient alors que l'armée était désormais du côté du peuple.

Les masses populaires en révolte ne tardèrent pas à se rendre compte que c'était un mensonge.

Le départ du dictateur Moubarak et la promesse d'élections sous l'égide des généraux n'ont rien changé dans la vie de l'écrasante majorité de la population.

La reprise des manifestations place Tahrir montre qu'une partie des révoltés de janvier s'est rendu compte que les discours sur le « processus démocratique » étaient un leurre et que le changement de régime ne leur garantissait même pas un minimum de libertés démocratiques, sans même parler d'une vie meilleure pour l'immense majorité pauvre de la population. En exigeant le passage du pouvoir à un gouvernement civil avant même les élections, les révoltés de la place Tahrir ont compris que l'armée organise ces élections pour sauvegarder son pouvoir derrière l'écran d'un gouvernement civil qu'elle aura mis en place elle-même.

Les révoltés du Caire ont payé de huit mois de déceptions et de retard d'avoir cru leurs faux amis qui, au mois de janvier, avaient présenté l'armée comme leur alliée contre Moubarak. Ils ont cependant conservé de l'énergie pour reprendre le combat. C'est là que réside l'espoir pour l'avenir.

Ce que l'on peut souhaiter aux révoltés d'Égypte est qu'ils se rendent compte que même les droits et les libertés démocratiques ne sont pas possibles dans un pays ravagé par la misère et le pillage impérialiste, miné par l'oppression de la majorité pauvre par une minorité riche appuyée par les grandes puissances. Le combat pour les libertés démocratiques ne peut être poussé jusqu'au bout qu'en s'attaquant aux racines, en arrachant le pouvoir à la bourgeoisie.

Seul un régime impulsé et contrôlé par les exploités eux-mêmes peut s'attaquer aux inégalités sociales criantes. Les travailleurs des usines du Caire ou d'Alexandrie, payés moins de 100 euros brut par mois, ou les paysans maintenus dans la misère, ne peuvent entreprendre le combat pour leur émancipation sociale, qui seul peut leur donner les libertés démocratiques, que s'ils se battent sous leur propre drapeau, celui des exploités.

La scène politique égyptienne grouille de partis, les uns se revendiquant de la démocratie à l'occidentale, les autres de l'islamisme, radical ou pas. Sous des dehors de faux amis, ce sont des ennemis des exploités. Ce que nous pouvons espérer c'est que, dans le cours des combats à venir, les exploités égyptiens se donnent une force politique représentant leurs intérêts de classe.

Mais nous les travailleurs, ici, en France, sommes-nous si loin des problèmes de nos frères, les travailleurs d'Égypte ? Confrontés à la crise et à l'offensive du patronat et de ses laquais politiques, sommes-nous mieux préparés pour opposer à la politique de la bourgeoisie celle qui nous permet de défendre nos intérêts sans être dévoyés par de faux amis ? À commencer par ceux qui nous présentent la voie électorale comme la seule voie de salut ?

Seul peut proposer une politique juste un parti convaincu que remplacer un pantin politique à la tête de l'État par un autre ne change rien, car le véritable pouvoir appartient à l'argent, à ceux qui le possèdent. Les travailleurs ne pourront protéger efficacement leurs conditions d'existence qu'en combattant la classe capitaliste et sa dictature sur l'économie. Malgré la distance qui sépare l'Égypte de la France, malgré la différence des situations, nos problèmes de travailleurs sont semblables et la voie pour les surmonter est la même.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 novembre

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