Montupet -- Fonderie du Poitou Alu -- Ingrandes (Vienne) : Les fondeurs ne désarment pas30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montupet -- Fonderie du Poitou Alu -- Ingrandes (Vienne) : Les fondeurs ne désarment pas

Cela fait un mois que les travailleurs de la fonderie Alu d'Ingrandes ont repris le travail, après une grève de huit semaines au terme de laquelle ils ont fait capoter le plan du propriétaire de la fonderie, le groupe Montupet. Un plan qui, au nom de la compétitivité, entendait leur imposer une baisse de 25 % des salaires.

Peu avant la fin de la grève, Montupet s'était déclaré en cessation de paiement. C'est donc sous le régime incertain du redressement judiciaire que s'est effectuée la reprise, entre menace de liquidation, manoeuvres dilatoires de Montupet, absence totale de garantie en ce qui concerne la charge de travail, et attente de la venue d'un hypothétique repreneur.

Avant la grève, la fonderie tournait à 15 % pour PSA, 85 % pour Renault. Si PSA a reconduit ses commandes de culasses, il n'en a pas été de même pour Renault, en dépit des engagements pris par le PDG Carlos Ghosn lui-même devant le ministre de l'Industrie Besson. Mercredi 23 novembre, l'annonce de la baisse drastique du carnet de commande de Renault (de 18 000 culasses par semaine à 10 000 seulement) a fait d'un coup monter la colère : pas un camion de livraison ne sortirait de l'usine tant que les patrons continueraient à nous balader de la sorte.

Le lendemain, lors d'une assemblée générale réunissant plus de 300 travailleurs, soit la quasi-totalité de l'effectif présent de jour, la grève fut votée pour 24 heures, reconductible en assemblée générale. Du jeudi soir au samedi matin, les grévistes se relayèrent de sorte que pas un camion n'entre ni ne sorte, non seulement de l'Alu, mais également de la fonderie Fonte voisine qui dépend du groupe italien Teksid mais dont 50 % de la production va vers Renault.

Vendredi 25 novembre, devant la fonderie bloquée, l'Intersyndicale avait convié des élus de tout bord du département, du PCF à l'UMP en passant par le PS, à s'exprimer sur la situation de la fonderie. Comme il est de coutume lorsque les décisions de l'État ou du patronat menacent de mettre en difficulté leur pré carré, les élus rivalisèrent dans la dénonciation des comportements « voyous ». Les élus de droite -- maire de Châtellerault, président du Conseil général et représentant de Raffarin -- ne furent pas en reste, faisant état de leurs démarches et courriers multiples à leurs amis du gouvernement et saluant de surcroît le comportement « sérieux et responsable » de l'Intersyndicale. Ils furent écoutés poliment, mais bien peu applaudis. Car, comme l'expriment bien des travailleurs, soit ces gens-là sont impuissants, et ce n'est pas la peine qu'ils viennent nous flatter, soit ils sont complices, et alors nous pourrions bien cesser d'être les seuls à être « sérieux et responsables ».

L'assemblée du vendredi 25 a décidé de suspendre la grève, dans l'attente de la réunion prévue le lundi suivant entre l'administratrice judiciaire et Renault, mais une assemblée était prévue jeudi 1er décembre pour décider de la suite.

Mercredi 30 novembre, le tribunal de commerce de Nanterre devait de nouveau se prononcer sur le sort de la fonderie : prolongation du redressement judiciaire ou liquidation. Les travailleurs espèrent dans le même temps être fixés sur les intentions de Renault, des commandes duquel dépend très largement l'avenir de l'entreprise.

Les fondeurs sont dans l'attente, mais comme des travailleurs qui gardent en eux la force acquise au cours de leur long combat, pas comme des victimes éplorées.

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