Mayotte : Le gouvernement sourd aux revendications30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : Le gouvernement sourd aux revendications

Plusieurs semaines après la fin des manifestations auxquelles avait pris part une grande partie de la population qui réclamait la baisse des prix, la situation des classes populaires à Mayotte ne s'est guerre améliorée. Le gouvernement français a refusé de donner satisfaction aux travailleurs et à la population pauvre de l'île.

Après quelques hésitations, les représentants de l'intersyndicale n'ont finalement pas signé le protocole d'accord de fin de conflit qui, bien que prévoyant une baisse des prix sur onze produits consommés couramment par les habitants, prévoyait également que ces baisses prendraient fin en mars 2012, date de l'application partielle du RSA à Mayotte. Les travailleurs n'avaient pas fait 44 jours de grève et de manifestations pour se voir proposer par le gouvernement, en l'occurrence par son envoyé Denis Robin, ex-préfet de Mayotte, cet accord au rabais.

Mais même les vagues promesses du gouvernement n'ont pas eu de suite véritable. Dans les magasins, les prix n'ont pour l'heure pratiquement pas bougé. Et, comble de cynisme, avant même l'annonce qu'un accord était obtenu sur la baisse de la viande de boeuf vendue par dix kilos, certains commerçants proposaient à la vente des paquets de cinq kilos qui n'étaient pas concernés par l'accord et qui n'existaient pas avant.

Quant à Marie-Luce Penchard, la secrétaire d'État à l'Outre-mer, elle n'avait rien à annoncer si ce n'est une inutile « étude confiée à un prestataire extérieur sur la structure des prix et, plus largement, sur le mode de fonctionnement de l'économie mahoraise ». Pas de quoi effrayer les patrons des grandes surfaces !

Ces derniers ont vu au contraire le gouvernement et les élus locaux voler à leur secours. Les services de l'État se sont par exemple engagés à soutenir les entreprises locales par des mesures d'urgence immédiate : étalement des charges sociales et des dettes fiscales, aide au développement et à l'accompagnement des créateurs et des chefs d'entreprise, exonérations de charges sociales sur la masse salariale, numéro d'appel unique qui permet aux entrepreneurs d'obtenir une écoute, une analyse, ainsi qu'un seul point d'information, etc.

Penchard a annoncé par ailleurs une enveloppe de 50 millions d'euros en 2012 destinée aux « investissements publics utiles à la population ». Cette annonce n'a rien de fracassant car c'est à peu de chose près ce qui était prévu en mars dernier au moment du passage de Mayotte au statut de département. Et de toute façon cette modique somme reste très insuffisante pour pouvoir satisfaire les besoins de la population en écoles, hôpitaux, logements, routes...

Tout comme son émissaire qui a fait ses valises immédiatement après avoir remis le protocole de fin de conflit non signé au préfet de Mayotte, le gouvernement reste sourd aux besoins des classes populaires, espérant que celles-ci se lasseront. Pas si sûr. Dès à présent le personnel d'Électricité de Mayotte a décidé de déposer un préavis de grève pour le mercredi 21 décembre. Il demande notamment l'application de l'indemnité spéciale DOM, ce qui équivaut à 20 % de salaire en plus. Inscrite dans le statut national d'EDF et perçue par tous les agents des autres DOM, il n'y a aucune raison que les agents EDF de Mayotte, désormais département français, ne la touchent pas.

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