Belgique : Sous la dictée des banques Le PS va orchestrer l'austérité30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Sous la dictée des banques Le PS va orchestrer l'austérité

En Belgique, suite à la montée des taux d'intérêt des emprunts d'État à près de 6 % et à la dégradation de la note du pays par Standard & Poors, les six partis qui négocient la future coalition gouvernementale ont trouvé un accord sur un point qui faisait obstacle depuis des mois : le budget pour 2012.

Un accord sur les « réformes structurelles » pour les trois années à venir a aussi été trouvé. 533 jours après les élections de juin 2010 et une interminable crise ministérielle, un gouvernement fédéral se profile, sous la pression de la spéculation.

Avec l'intensification de la crise, l'impasse gouvernementale inquiétait de plus en plus la bourgeoisie belge et européenne. Notamment les principales mesures d'austérité, destinées à faire payer à la population les milliards sortis par l'État pour sauver les banquiers et capitalistes de la faillite, ne pouvaient que difficilement être prises.

Pourtant ce retard dans l'austérité, d'après les dires du journal Financial Times lui-même, a eu le mérite de limiter la récession en Belgique, le pouvoir d'achat de la population s'étant moins rétréci. Mais la bourgeoisie a pu compter sur les dirigeants du Parti socialiste pour remédier à cela.

Au cours de ces longs mois de négociations, le climat de crise aidant, la bourgeoisie a tiré les négociateurs socialistes toujours plus loin sur la voie des mesures d'austérité.

Le budget 2012 prévoit 11,3 milliards d'économies (environ 3 % du PIB). Sur le papier, un tiers de ces économies seraient des taxes sur les riches (taxes sur les dividendes, baisse des avantages fiscaux des très grandes entreprises). Mais ces rentrées ont peu de chances de se concrétiser, ne serait-ce parce que l'État se garde bien de donner aux agents du fisc les moyens de contrôler les possédants. La fraude fiscale est estimée actuellement de 16 à 20 milliards d'euros par an !

Les « intérêts notionnels », montage fiscal légal qui permet aux grandes entreprises de ne quasiment pas payer d'impôts, seraient légèrement limités, ce qui augmenterait les rentrées de l'État de 1,6 milliard. Mais ce montant semble délibérément surévalué et, de toute façon, l'État doit se contenter de ce que déclarent les entreprises.

Comme partout ailleurs, c'est donc à la population laborieuse que le futur gouvernement compte faire payer la note : 4,7 milliards doivent être économisés dans les dépenses, le plus grand poste étant la santé. Déjà, sans grandes annonces, 10 000 postes de fonctionnaires ont disparu en trois ans dans la fonction publique fédérale, par simple non-remplacement. Et cette politique se poursuivra.

L'âge pour partir en préretraite est relevé, ce qui transformera en chômeurs les travailleurs âgés victimes de plans de licenciements. Des modifications dans le calcul des carrières diminueront encore les retraites, alors que 25 % des retraités vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Les allocations de chômage diminueront beaucoup plus rapidement et fortement, les contrôles et sanctions seront renforcés.

Alors que l'inflation commence à se faire sentir, le patronat, la Commission européenne et les partis de droite réclament aussi à cor et à cri la suppression de l'indexation automatique des salaires existant en Belgique. La coalition s'est engagée à en faire sortir les prix de l'énergie. Pourtant les CPAS (centres de l'aide sociale des communes) ne savent déjà plus comment aider les pauvres -- dont beaucoup ont un salaire -- à se chauffer et s'éclairer. La privatisation de l'électricité a en effet entraîné une hausse spectaculaire des prix, notamment en Flandre, où près de 40 000 ménages ont dû s'équiper d'un compteur à budget. D'après les estimations officielles, 14 000 ménages risquent de ne pas pouvoir se chauffer cet hiver, rien qu'en Flandre.

Après de longues années presque sans réaction, les syndicats appellent à des grèves et à une puissante manifestation à Bruxelles vendredi 2 décembre, suivie d'une autre le 7 décembre à Liège pour soutenir les travailleurs d'ArcelorMital. Mais ce qui est nécessaire est une véritable contre-offensive de la classe ouvrière.

Car en fait de « sauver le pays », le nouveau gouvernement dirigé par le socialiste Elio Di Rupo va sauver les capitalistes, du moins pour un certain temps. Les travailleurs, pour sauver leurs salaires et leurs emplois, devront se sauver eux-mêmes par la lutte.

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