Argentine : Contre les militants ouvriers en lutte - cascade de poursuites judiciaires30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Contre les militants ouvriers en lutte - cascade de poursuites judiciaires

Plusieurs dizaines de militants syndicaux argentins sont l'objet de poursuites judiciaires pour avoir participé à des grèves pour l'emploi ou les salaires.

Javier Hermosilla, syndicaliste et membre du PTS, une des organisations trotskystes argentines, était poursuivi par la multinationale agroalimentaire américaine Kraft Foods Argentine pour onze blocages de l'autoroute panaméricaine lors d'une grève contre les licenciements en 2009-2010. Il a été condamné à payer une amende de 290 000 pesos (environ 60 000 euros). Plusieurs membres de l'ancienne direction du syndicat sont également mis en cause par la justice.

Lorena Gentile et cinq autres militants sont poursuivis pour une autre manifestation sur la même autoroute en octobre 2010. Ils protestaient contre l'assassinat d'un militant étudiant, tué par des bureaucrates syndicaux pendant une lutte des cheminots du Ferrocarril Roca.

Des dizaines de travailleurs qui avaient été délogés en septembre 2009 par la police de la province de Buenos Aires, des dirigeants syndicaux de Pepsico et bien d'autres militants ouvriers sont également sous le coup de procédures identiques. La répression touche également ceux qui apportent leur soutien à ces luttes ou à ces militants. Elle frappe un avocat des syndicalistes de Kraft Foods, membre du Centre de professionnels pour les droits de l'homme (CeProDH), et des dirigeants de l'extrême gauche trotskyste qui avaient affiché leur solidarité, comme Nestor Pitrola (Partido obrero) et Vilma Ripoll (MST).

Plusieurs de ces procédures mettent en cause le droit de manifestation, en s'appuyant sur des rapports de police truqués élaborés par la gendarmerie qui, comme cela se faisait sous la dictature militaire de 1976-1983, infiltre les organisations qui défendent les droits des travailleurs. La gendarmerie utilise aussi un fichier sur lequel sont listés des dirigeants syndicaux et politiques.

Plusieurs des juges qui orchestrent cette criminalisation des luttes ouvrières ont d'ailleurs commencé leur carrière pendant la dictature. Ils se servent aussi d'un article du code pénal datant d'une dictature antérieure, celle du général Ongania en 1968, condamnant à la prison les auteurs de blocages routiers.

Au total, quelque 5 000 poursuites pénales sont engagées contre des militants ouvriers ou de quartier, parce qu'ils défendent les droits des travailleurs et organisent les luttes indispensables pour préserver l'emploi et les salaires.

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