Chine : Pour les salaires et l'emploi Vague de grèves ouvrières30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Pour les salaires et l'emploi Vague de grèves ouvrières

Le 22 novembre, mille ouvriers d'une usine d'électronique, Jingmo, située à Shenzhen, ville de 10 millions d'habitants dans le sud de la Chine, se sont mis en grève. Cette usine, qui appartient au groupe taïwanais Jingyuan Computer Group, assemble des claviers et d'autres accessoires pour Apple, IBM, LG.

La colère a éclaté contre l'augmentation des heures supplémentaires imposées, jusqu'à 120 heures par mois. En plus de l'horaire normal -- 7 h à 11 h le matin et 13 h à 17 h l'après-midi -- les patrons voulaient exiger que les ouvriers travaillent de 18 heures jusqu'à minuit, voire même 2 heures du matin, selon l'organisation non gouvernementale China Labour Watch.

Les ouvriers, sortis manifester le jour même dans la rue, dénonçaient également les mauvaises conditions de travail qui provoquent de nombreux accidents du travail, les licenciements systématiques des plus âgés d'entre eux ainsi que le comportement de l'encadrement, qui n'hésite pas à insulter les ouvriers. Ils ont repris le travail avec la promesse de la réduction des heures supplémentaires.

La semaine précédente, le 16 novembre, à Shenzhen toujours, 400 ouvrières d'une usine de fabrication de soutiens-gorge Topform Underwear se mettaient en grève cinq jours durant contre la baisse de leur salaire, le patron voulant leur imposer d'être payées à la pièce. La colère avait éclaté suite aux insultes proférées par un contremaître à l'encontre d'une ouvrière qui ne comprenait pas une instruction donnée, non pas en mandarin, la langue commune, mais en cantonais, langue parlée dans cette province du sud de la Chine.

Le 17 novembre à Dongguan, grand complexe industriel situé dans la province du Guangdong (Canton), près de Shenzhen et de Canton, 7 000 ouvriers de Yuecheng, une usine de chaussures sous-traitante d'Adidas, de Nike et de New Balance, déclenchaient une grève contre les licenciements et les réductions de salaire. Des heurts avec la police faisaient plusieurs blessés. Ces ouvriers craignent une délocalisation vers la province du Jiangxi, où la main-d'oeuvre est encore plus mal payée.

Cette vague de grèves touche depuis des mois en particulier le Guangdong, province chinoise très industrialisée et très peuplée. Dans les usines sont embauchés des dizaines de millions de travailleurs migrants, qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise mondiale. Celle-ci touche la Chine, notamment par le biais d'une diminution des commandes de sociétés donneuses d'ordres américaines et européennes.

Le vice-Premier ministre chargé des Finances a averti dernièrement que l'économie chinoise allait entrer dans une longue phase de récession. Depuis le premier trimestre de cette année, le niveau des exportations n'a pratiquement plus progressé, ce qui entraîne un ralentissement de la production. Ainsi, selon un indice publié mercredi 23 novembre, la production manufacturière chinoise a enregistré en octobre sa plus forte baisse depuis mars 2009.

Lorsque les commandes diminuent, les patrons chinois réagissent comme ils le font partout dans le monde, en le faisant payer aux travailleurs. Ces patrons sont pour la plupart des sous-traitants de grands groupes occidentaux, qui tirent d'énormes bénéfices de l'exploitation féroce des prolétaires chinois.

Bien que plus exploités encore, ceux-ci ont les mêmes problèmes que les travailleurs européens ou américains : bas salaires, licenciements, délocalisations. Ils ont souvent les mêmes patrons. Leur combat est un encouragement pour les travailleurs du monde entier.

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