Le « numerus clausus » des médecins : Le problème, ce n'est pas de l'augmenter, c'est de le supprimer30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le « numerus clausus » des médecins : Le problème, ce n'est pas de l'augmenter, c'est de le supprimer

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a annoncé dès 2012 une augmentation du « numerus clausus », mot latin qui signifie « nombre fermé » et qui limite strictement le nombre de médecins formés tous les ans.

Aujourd'hui, 7 400 places sont proposées au concours de fin de première année, et seuls ceux qui y sont admis peuvent passer en seconde année et devenir au bout de huit ans médecin généraliste. Pour les futurs spécialistes le cursus est plus long, mais tous les futurs médecins doivent passer par ce numerus clausus.

Si Xavier Bertrand dit vouloir ainsi éviter une pénurie de médecins qu'il prévoit dans dix ans, des syndicats de médecins parlent, eux, d'un manque de 10 000 médecins en... 2015. Mais dans la réalité c'est dès aujourd'hui que l'on manque de médecins, à cause justement de ce numerus clausus. C'est dès aujourd'hui, et pas dans cinq ou dix ans, qu'on attend des heures chez le généraliste ou des mois pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste. C'est aujourd'hui qu'on parle de déserts médicaux dans des régions rurales ou défavorisées comme les banlieues, où les médecins ne s'installent pas volontiers.

En fait, dès sa création en 1971 par Simone Veil, le numerus clausus avait pour seul but de défendre... la clientèle des médecins en place face à un afflux supposé trop important de nouveaux venus. C'est d'ailleurs pourquoi l'Ordre des médecins avait alors vigoureusement soutenu la mesure. Le premier concours avait ouvert 8 588 places, puis le chiffre n'avait cessé de baisser pour atteindre... 3 500 places en 1993. Depuis, il a bien fallu le réaugmenter, jusqu'aux 7 400 places d'aujourd'hui, car on arrivait à la situation absurde où trop de médecins partaient en retraite sans pouvoir être remplacés.

Pour Bertrand, Bachelot et tous leurs prédécesseurs, de gauche comme de droite, le problème du nombre de médecins ne s'est jamais posé en termes de besoins de la population mais d'abord en terme de défense des intérêts sonnants et trébuchants du corps médical. Et alors qu'il faudrait former plus de médecins, généralistes et spécialistes, comme il faudrait d'ailleurs donner plus de moyens aux hôpitaux publics pour répondre aux besoins de santé croissants de la population, Bertrand se contente de quelques dizaines de postes de plus pour 2012.

Avec de telles « mesures » on n'est pas près de voir se réduire les déserts médicaux, les files d'attente dans les hôpitaux ou les délais pour un rendez-vous chez des spécialistes.

Partager