Allemagne : Un groupe néonazi découvert - une étrange tolérance au sommet de l'État30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Un groupe néonazi découvert - une étrange tolérance au sommet de l'État

Le 4 novembre dernier, une patrouille de police retrouvait les corps suicidés de deux militants nazis, près d'Eisenach dans l'est du pays, et arrêtait dans la foulée une troisième personne, une femme elle aussi connue pour son appartenance à un groupe néonazi : Clandestinité national-socialiste.

Stupeur, l'enquête a rapidement fait le lien entre ces trois néonazis et une série de neuf meurtres de commerçants turcs et grecs, ainsi que d'une policière, perpétrés ces dix dernières années, quatorze braquages de banque, un attentat dans un quartier immigré de Cologne en 2004, qui avait blessé vingt-deux personnes, ou encore un attentat à la gare de Dusseldorf en 2000, qui avait fait plusieurs blessés parmi des migrants juifs originaires d'ex-URSS. Curieusement, les victimes avaient été systématiquement soupçonnées d'avoir été l'objet de règlements de comptes pour la mafia de la drogue ou pour un parti kurde, le PKK.

Ces révélations ont fait scandale. Tout le monde sait en Allemagne que la police et les divers services secrets du pays paient de nombreux informateurs ou infiltrent les rangs de l'extrême droite. Il semblerait que les membres du trio aient eux-mêmes servi d'informateurs aux services secrets. Ainsi les services secrets militaires avait été informés dès 1998 du lieu où se cachait ce trio d'assassins. Mais tous ces services ont, à l'évidence, au mieux fermé les yeux.

L'affaire suscite une très vive émotion en Allemagne, où le souvenir du nazisme est encore vif. Beaucoup s'interrogent sur l'attitude ambiguë des services secrets ou de la police, voire sur leur possible complicité. D'autant plus que le ministre de la Justice Hans-Peter Friedrich, membre du parti chrétien CSU, a minimisé l'événement, excusant la police par les prétendues difficultés de la surveillance de groupes « extrémistes », pour aussitôt dévier le sujet sur de prétendues menaces « islamiques ».

Le scandale est tel que l'ensemble des députés, en présence de la chancelière Angela Merkel, ont observé une minute de silence au Bundestag, le Parlement allemand. Son président a même lu un texte approuvé par tous les partis politiques représentés à l'Assemblée : « Nous avons honte que les services de sécurité de l'État fédéral et des régions n'aient pas réussi à élucider l'affaire à temps et à empêcher ces crimes préparés et commis pendant des années. »

Cette complicité évidente au fond ne doit pas surprendre. Elle fut la règle lors de la montée du nazisme entre les deux guerres mondiales. Il s'y ajoutait alors la complicité des nombreux industriels et banquiers qui financèrent Hitler et ses bandes armées, pour venir à bout des organisations ouvrières.

Et si elle montre une chose, c'est que les travailleurs d'Allemagne ne doivent en aucun cas faire confiance à l'État pour être un rempart face à la menace de l'extrême droite et des néonazis.

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