Toyota - Onnaing (Nord) : Suspension de la grève20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans les entreprises

Toyota - Onnaing (Nord) : Suspension de la grève

Après douze jours de grève pour une prime de 800 euros et le 13e mois, les grévistes de Toyota ont suspendu leur mouvement lundi 18 avril. Ils ont décidé de reprendre le travail avant le chômage technique annoncé à partir du 21 avril, en raison de la rupture de livraison de certains composants électroniques produits par des usines japonaises détruites par le tremblement de terre.

La reprise s'est faite avec un meeting des grévistes à la porte pour chaque équipe et une entrée en manifestation dans les ateliers. L'attention mise par les chefs à éviter au maximum les conflits a été remarquable.

La direction a accordé les acomptes demandés par des grévistes. Pour cela il avait fallu, la deuxième semaine de grève, qu'une centaine de grévistes entre dans l'entreprise, malgré la désactivation des badges (sauf ceux des délégués), et monte dans les bureaux soutenir la demande... Il a failli en être de même pour obtenir la récupération des jours congés posés il y a plusieurs semaines et qui tombaient pendant le chômage technique.

Si la direction a cédé sur ces détails, il reste encore à obtenir l'étalement des retenues pour les jours de grève.

Quant aux revendications principales, il est devenu évident au fil de la grève que la direction de Toyota-Onnaing n'avait aucune marge de manoeuvre et que la direction centrale de Toyota refusait toute négociation, y compris lors de la rencontre avec la Direction départementale du travail le jeudi 14 avril.

Le travail a repris, avec ses cadences infernales, et beaucoup d'ouvriers trouvent choquant qu'elles soient maintenues alors que la production ne reprendra qu'à moitié. Effectivement, au Comité d'entreprise du lundi 18 avril, la direction annonça que le chômage du 21 avril au 2 mai serait prolongé jusqu'au 13 mai pour une équipe sur deux.

Ce sont toutes ses usines que Toyota met à l'arrêt pour des durées semblables et pour la même raison de manque de pièces. D'autres constructeurs sont touchés eux aussi. Alors que les grands immeubles de Tokyo ont résisté au séisme, de nombreuses entreprises se sont effondrées dans le nord industriel du pays, n'ayant pas été construites aux normes antisismiques, pour faire des économies. Mais c'est quand même aux travailleurs que Toyota et ses semblables en font payer les conséquences.

Certes, à Toyota-Onnaing le chômage technique sera indemnisé à 95 % du salaire net. Mais il y aura quand même une perte de salaire. Et comme c'est l'État qui prend en charge une grande partie de cette indemnité, ce sont en fait les impôts qui sont mis à contribution, alors que Toyota se prépare à annoncer plus de 4 milliards de bénéfices pour le dernier exercice.

Ces bénéfices pourraient largement permettre l'augmentation des salaires. Ainsi, à Onnaing, avant que Toyota France (TMMF) ne se mette artificiellement en déficit en vendant à Toyota Europe (TME) les voitures Yaris en dessous de leur coût de production, le bénéfice déclaré annuel était équivalent ou dépassait le total des salaires et charges versés pour l'année : dans l'absolu, Toyota-Onnaing aurait pu doubler les salaires ! Cela montre qu'une augmentation de 150 euros par mois - l'équivalent d'un treizième mois - pourrait être largement supportée par les actionnaires, en leur laissant encore de confortables profits.

Mais bien sûr, il faudra être encore plus nombreux et plus déterminés pour imposer ces augmentations, et les grévistes en ont pris conscience.

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