Côte d'Ivoire : Après l'installation de Ouattara, la population reste livrée aux bandes20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Côte d'Ivoire : Après l'installation de Ouattara, la population reste livrée aux bandes

En Côte d'Ivoire, le gouvernement d'Alassane Ouattara s'installe après avoir finalement réussi à évincer Gbagbo. En prétendant que les troupes d'occupation françaises ne sont intervenues dans cet affrontement que pour protéger la population ivoirienne, Longuet et les représentants de Sarkozy mentent sans vergogne.

Le problème n'est d'ailleurs pas de savoir si elles ont ou non participé directement à l'arrestation de Gbagbo : par la puissance de leur armement, elles ont joué un rôle décisif pour imposer le choix de l'impérialisme français de voir Ouattara diriger le pays. Mais à aucun moment, ni pendant les derniers affrontements, ni pendant les mois qui les ont précédés, elles n'ont protégé les quartiers populaires des exactions des bandes armées de l'un ou l'autre camp.

La protection de la population n'est pas ce qui importe aux représentants de l'impérialisme français. Ce qui les intéresse est que le nouveau dirigeant du pays offre toutes les garanties de sauvegarde des intérêts des Bouygues, Bolloré et autres trusts impliqués dans le commerce du cacao ou du café. Sur ce plan, Ouattara en offre plus que Gbagbo ; il appartient au même monde qu'eux, celui de la grande bourgeoisie. Ce n'est pas par hasard si, lors de son mariage, Martin Bouygues, Jean-Christophe Mitterrand et l'un des dirigeants du groupe Bolloré comptaient parmi les invités. Il en est de même de son épouse, qui a construit sa fortune en gérant les actifs immobiliers de l'ancien président Houphouët-Boigny ou du gabonais Omar Bongo. Son groupe, Aici, est aujourd'hui implanté à Paris, Cannes ainsi qu'à Libreville au Gabon et à Ouagadougou au Burkina-Faso.

Dans les colonnes du Parisien, Alassanne Ouattara pouvait ainsi se vanter : « Mon épouse et moi, nous avons des moyens et des affaires qui marchent. (...) Au FMI, où j'étais directeur général adjoint, j'étais mieux payé que le président Clinton. » Autant dire qu'en devenant président de la Côte d'Ivoire il se sacrifie, afin d'assurer le gouvernement du pays et la stabilité des affaires ! L'avenir dira si celle-ci se rétablit. Mais même aujourd'hui, quand les actualités télévisées montrent des soldats français patrouillant dans les rues d'Abidjan et disant qu'ils sont là pour aider au rétablissement de la paix, il s'agit d'une sinistre plaisanterie. Ce déploiement, dérisoire à l'échelle d'une agglomération de quatre millions d'habitants et d'une superficie proche de celle de la région parisienne, n'a lieu que dans les artères des quartiers les plus chics. Il s'agit en l'occurrence de protéger et de rassurer les grands groupes, les expatriés et la bourgeoisie ivoirienne.

En dépit des appels au retour au calme de Ouattara, les quartiers pauvres de la périphérie d'Abidjan, eux, sont aujourd'hui abandonnés à la loi des bandes, miliciens pro-Ouattara ou simples voyous, qui profitent des armes qu'on leur a abondamment distribuées pour se venger des membres du clan Gbagbo, mais aussi pour rançonner, voler, piller le peu que possède une population sans défense.

La population ivoirienne risque ainsi de payer encore longtemps les conséquences d'une guerre de clans qui d'ailleurs n'est peut-être pas finie.

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