Se loger correctement, un droit ou un luxe ?20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

Se loger correctement, un droit ou un luxe ?

Face à la flambée du prix des logements, face à l'augmentation des loyers (comme à celle des logements à acheter, d'ailleurs), les familles aux revenus modestes sont prises à la gorge. Tous ceux qui sont au chômage ou en retraite risquent de ne plus pouvoir se loger. Mais même pour les salariés, les obstacles deviennent insurmontables.

La part consacrée au logement dans un budget familial, qui était du tiers des revenus il y a quelques années, est désormais largement au-dessus. Elle en représente la moitié, voire plus.

Si cette situation est due pour une part au blocage des salaires, elle est surtout liée à l'augmentation régulière des loyers. Ainsi, l'indice de référence officiel des loyers calculé par l'Insee, qui fixe l'augmentation légale autorisée, a grimpé de 1,6 % pour le seul premier trimestre de cette année. Cet indice officiel joue pour tous les logements du secteur privé, mais également pour ceux du secteur dit social, HLM ou ILN (immeubles à loyer normal). Le taux de cet indice est certes inférieur à l'inflation, mais il cumule une augmentation d'année en année. Ainsi un loyer de 600 euros à Paris atteint quelques années plus tard près de 1 000 euros.

Dans le domaine du logement, comme dans celui de l'eau et d'autres besoins élémentaires de la population, ce sont les lois du marché et de la recherche du profit maximum qui règnent. Pour les propriétaires privés, qu'il s'agisse des « institutionnels », comme les compagnies d'assurance ou les banques qui gèrent des milliers de logements, ou de particuliers, mettre un toit au-dessus de sa tête n'est considéré que s'il est assorti des moyens de payer, et de payer cher. Les lois du marché jouent à plein pour ce qui dans cette société n'est qu'une marchandise, pire, un moyen de spéculer : le logement. Le droit de se loger s'arrête devant le droit de propriété, qui permet de fixer le prix d'un logement, non en fonction du besoin à satisfaire, mais en fonction de ce qu'il peut rapporter.

Alors que la France compte environ trois millions de mal-logés, l'urgence de la situation actuelle exigerait de bloquer les loyers, de recenser tous les logements vides, parfois depuis des années, et de permettre leur location (au lieu d'expulser leurs occupants) et, en même temps, d'engager un programme de construction massive de logements corrects et à bon marché. L'État aurait les moyens - techniques, financiers, humains - de s'engager dans cette voie et de faire que ce déficit de logements soit résorbé rapidement. Cela serait en même temps le moyen de couper court à la spéculation immobilière. Mais ce n'est pas son choix, dans le domaine du logement comme dans tous les autres.

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