Hongrie : Une Constitution ultraréactionnaire20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Hongrie : Une Constitution ultraréactionnaire

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban persiste et signe dans sa volonté d'imposer une série de mesures rétrogrades, au nom de l'exaltation du nationalisme et du christianisme.

Il y a peu, Orban a fait voter une loi permettant de condamner lourdement les médias au prétexte d'atteinte « à l'intérêt public, à l'ordre public et à la morale » ou de diffusion d'« informations partiales », le gouvernement et ses hommes étant seuls juges en la matière. Cette loi bâillonnant la presse entrant en vigueur le jour même où la Hongrie prenait la présidence de l'Union européenne, cela fait un peu désordre aux yeux des autorités européennes. Ne pouvant donc faire autrement, les dirigeants français, allemands et quelques autres avaient froncé les sourcils, mais sans autre conséquence.

Orban, qui n'a nul besoin de se sentir ainsi encouragé, vient d'aller encore plus loin. Il a fait adopter une nouvelle Constitution qui se réfère à Dieu, à la famille et au mariage comme « valeurs naturelles », et qui encense la « doctrine de la Sainte-Couronne »... qui date de 1222, une époque où des souverains magyars régnaient sur les peuples d'une partie des Balkans.

Des pays voisins, Slovaquie, Roumanie, Serbie, Ukraine, etc., qui abritent des minorités hongroises plus ou moins nombreuses, sont visés. Il s'y ajoute, en Hongrie même, les athées, les Juifs, les Roms, déjà en butte aux attaques racistes des nervis d'extrême droite, les femmes (dont le droit à l'IVG risque d'être remis en cause au nom du « don divin de la vie »), les homosexuels et les familles monoparentales (qui enfreignent le « lien naturel » du mariage, inscrit désormais dans la Constitution) et, plus généralement, toutes celles et tous ceux qui n'acceptent pas les diktats de l'ordre dit « moral ».

Cette fois-ci, les autorités de Bruxelles ont toussé plus fort que d'habitude, Orban ne prenant même pas la peine de mettre les formes à sa politique nationaliste et ultra-conservatrice. Mais ces représentants distingués de l'Europe et ceux de l'ONU se sont aussi déclarés confiants dans la « volonté du gouvernement hongrois de respecter les droits de l'homme ». Comme il le fait depuis des années que les agressions anti-tsiganes et la propagande antisémite ont libre cours en Hongrie, sans que Bruxelles, Paris ou Berlin aient rien trouvé à y redire ? Pourvu que les capitaux circulent librement en Europe, Hongrie comprise, le reste importe visiblement peu aux tenants de l'ordre impérialiste.

La Hongrie est un pays pauvre comparé à l'ouest de l'Europe et elle appartient à une région du continent que les grandes puissances ont découpée et redécoupée au mépris des peuples. Elle a aussi été plus durement atteinte que d'autres par les effets de la crise. Pour toutes ces raisons, ses contradictions sociales s'expriment sans doute avec plus d'acuité qu'ailleurs. Mais on aurait tort de voir sa situation actuelle comme une spécificité hongroise. Si les fruits d'un ordre mondial capitaliste injuste ont pourri en Hongrie plus vite qu'ailleurs, le terreau propice est partout présent.

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