Les « contrats d'avenir » proposés par le PS : Pérenniser la précarité ?20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

Les « contrats d'avenir » proposés par le PS : Pérenniser la précarité ?

Face au chômage de masse, qui est la première préoccupation du monde du travail, le PS se limite dans son programme à parler du chômage des jeunes. « 600 000 jeunes de moins de 25 ans sans emploi, ce n'est pas une statistique, c'est un scandale », affirme-t-il.

Mais que propose-t-il ? « 300 000 emplois d'avenir seront proposés, dont la moitié dans les douze premiers mois »... « contrats à plein temps... dans les domaines de l'innovation sociale, environnementale, etc. » Sur cinq ans ! C'est dire que ce « fléau » bien réel ne sera en aucune façon résolu.

La durée de ces contrats que le PS appelle « contrats d'avenir » n'est pas précisée. Le nom choisi fait référence aux contrats créés par la droite en 2002, qui étaient de six mois, renouvelables au maximum jusqu'à deux ans, contrairement aux emplois-jeunes de 1997 à 2002, qui eux étaient de cinq ans.

Certes, les emplois-jeunes de Jospin n'étaient pas une solution d'avenir, mais au moins ils étaient créés dans des domaines où les besoins réels existaient, dans la fonction publique et tout particulièrement dans les écoles, lycées et collèges. Aujourd'hui, en parlant de façon fumeuse de « l'innovation sociale ou environnementale », le PS montre qu'il n'est pas question pour lui d'entrouvrir la voie à des créations d'emplois publics vraiment utiles, ceux que le gouvernement continue de supprimer par centaines de milliers.

L'escroquerie fondamentale de cette proposition est qu'elle cache les responsabilités réelles du chômage, des jeunes et des autres ; c'est de laisser croire qu'il faudrait des « contrats aidés », c'est-à-dire payés par la collectivité et offerts aux employeurs, pour sortir du chômage.

Depuis 1975, les gouvernements successifs ont tous prétendu avoir une politique pour l'emploi des jeunes (et aussi pour l'emploi en général). On a créé et baptisé des dizaines de nouvelles formules d'emplois dits aidés, tous précaires, qui ont eu comme seul résultat d'agrandir cette catégorie de travailleurs dont ont bénéficié les patrons et les administrations publiques. Aujourd'hui encore, près de 500 000 « contrats uniques d'insertion » ont été, en théorie, lancés par Xavier Bertrand, le ministre du Travail de Sarkozy. Et pourtant le chômage touche toujours plus de 10 % de la population active et celui des jeunes plus de 20 %.

Mettre fin à ce fléau concerne toute la classe ouvrière, jeunes et moins jeunes. Il faudrait d'abord interdire les licenciements et les suppressions d'emplois, et répartir le travail entre tous sans perte de salaire. Quant à créer des emplois, et des emplois utiles, ce serait possible, tout de suite et massivement. Des emplois dans les hôpitaux, dans l'Éducation, dans les transports et tous les services publics ; mais aussi dans la construction de logements de qualité et bon marché.

Quant au financement de tels emplois, il ne poserait pas de problème réel. Les prétendues « aides à l'emploi » distribuées par tous les gouvernements, et que le PS se propose de maintenir, les baisses de cotisations, les aides directes aux entreprises, sous toutes les formes, dépassent largement les 150 milliards d'euros par an, soit de quoi créer et payer cinq millions d'emplois. Alors le seul problème serait d'utiliser cet argent utilement.

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