Dette des États : La crise ne demande qu'à repartir20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Dette des États : La crise ne demande qu'à repartir

En assortissant la note censée évaluer la solidité des finances publiques américaines d'une « perspective négative », menaçant les États-Unis d'une dégradation de cette note d'ici à deux ans « si la Maison-Blanche ne met pas en place un plan d'austérité avant 2013 », l'agence de notation Standard & Poors a, rapporte la presse, fait « souffler un vent de panique sur les marchés ».

La dette publique des États-Unis, passée de près de 12 000 milliards de dollars en 2009 à plus de 15 000 milliards de dollars cette année, atteint des sommets, comme d'ailleurs la dette publique de tous les États développés, et pour les mêmes raisons. C'est le prix à payer pour le trou creusé dans les budgets publics en particulier, depuis 2007, par le sauvetage des banquiers et des industriels. Mais ce n'est évidemment pas cette nationalisation des pertes provoquées par ces derniers qui pose problème à l'agence de notation et, derrière elle, aux marchés financiers ; c'est la capacité de l'État américain à les faire assumer par ses contribuables, dans un contexte où l'application du programme de réduction du déficit budgétaire préparé par l'administration Obama est retardée par l'opposition du Congrès, à majorité républicaine.

Le fait que la simple menace d'une dégradation de la note financière des États-Unis par une agence spécialisée se soit traduite par une panique générale sur les marchés financiers et par un mini-krach boursier est en tout cas significatif : en dépit des affirmations rassurantes des différents gouvernements, la crise, et en particulier la crise financière, est loin d'être terminée.

Le fait est que dans le même temps, à la suite d'une déclaration du ministre allemand des Finances, le bruit commence paraît-il à courir dans les milieux financiers que la Grèce surtout, mais aussi l'Irlande, voire le Portugal seront à plus ou moins court terme incapables de rembourser en tout ou partie leurs emprunts. Les autorités - de la Banque centrale européenne au gouvernement grec, en passant par la Commission européenne - ont multiplié les déclarations rassurantes, expliquant qu'une telle faillite, même partielle, était impossible. Mais les actions des banques et des compagnies d'assurances n'en ont pas moins plongé ces derniers jours.

Non seulement la crise n'est pas terminée, mais toutes ses raisons demeurent : ce qu'on appelle les « marchés », c'est-à-dire en fait tous les possesseurs de gros capitaux, les spéculateurs et le capital financier en général, exigent sans cesse d'être « rassurés », c'est-à-dire assurés de percevoir quoi qu'il arrive leurs intérêts. Ils jouent une monnaie contre l'autre, exigent des taux d'intérêt qui prennent les États à la gorge, et étouffent ainsi, lentement mais sûrement, toute l'économie.

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