Cuba : Il y a cinquante ans, le 17 avril 1961, Le débarquement de la baie des Cochons20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Cuba : Il y a cinquante ans, le 17 avril 1961, Le débarquement de la baie des Cochons

Le 17 avril 1961, avec le débarquement de la baie des Cochons, des exilés cubains disposant du soutien matériel et humain des États-Unis tentaient un coup de force contre le régime castriste. L'attaque avait été mise au point par l'administration du précédent président américain, le général républicain Eisenhower, mais elle était mise en oeuvre par son successeur, le démocrate John Fitzgerald Kennedy.

Le projet était de faire débarquer à Cuba 1 500 exilés cubains recrutés et entraînés par la CIA et de renverser le gouvernement nationaliste de Fidel Castro, arrivé au pouvoir en janvier 1959, porté par la vague d'une insurrection paysanne. Les dirigeants castristes avaient d'abord tenté de maintenir des liens avec les États-Unis, mais l'intransigeance de Washington avait entraîné la rupture.

Le 17 mai 1959, Castro lançait une réforme agraire modérée, celle promise par la Constitution cubaine de 1940 mais jamais mise en oeuvre, visant les terres laissées en friche. Les propriétaires expropriés devaient être indemnisés. Malgré cela, l'annonce affola la Bourse de commerce de New York. Les États-Unis exigèrent une compensation plus importante. Mais Castro ne céda pas et s'empara des terres des compagnies américaines.

Dès mars 1960, l'administration Eisenhower prépara un plan de renversement de Castro, tandis que face aux pressions nord-américaines celui-ci cherchait l'appui de l'URSS. Le 20 avril 1960 arrivait à Cuba le premier tanker de pétrole russe. Le lendemain, les États-Unis suspendaient toute aide à Cuba et plusieurs compagnies américaines annonçaient leur refus de raffiner ce pétrole-là. Castro fit saisir ces raffineries. Le Sénat américain piétina alors l'accord avec Cuba sur les achats de sucre, la principale richesse du pays, en réduisant fortement ses commandes. Le 6 juillet, Castro nationalisait une partie des biens américains et amplifiait la réforme agraire. Le régime cubain ne pliant toujours pas, le 13 octobre 1960 les dirigeants américains déclaraient l'embargo sur toutes les exportations américaines vers Cuba, à l'exception de certains produits alimentaires et médicaux. En réponse, le gouvernement cubain saisit de nouvelles entreprises.

Les nationalisations cubaines furent donc plus la réponse pragmatique d'un gouvernement défendant avec détermination sa souveraineté face aux pressions de l'impérialisme qu'un choix idéologique fait a priori.

Les dirigeants de l'impérialisme américain étaient décidés à abattre le régime de Castro, dont ils craignaient que l'exemple ne fasse école dans toute l'Amérique latine, leur chasse gardée. Le 3 janvier 1961, l'administration Kennedy rompait les relations diplomatiques avec Cuba. Le 15 avril, des avions américains bombardaient les aéroports du pays, détruisant une grande partie des avions civils et militaires. Et le 17 avril, les 1 500 exilés cubains débarquaient.

La CIA avait estimé que, encouragée par ce débarquement, la population cubaine se soulèverait contre le régime. C'est tout le contraire qui se passa. Castro lança un appel à la lutte contre l'agression et des miliciens vinrent en masse de tout le pays repousser les assaillants. À l'inverse des calculs de Washington, la population civile fit bloc derrière Castro car elle savait que le retour des exilés cubains, en général ex-hommes de main des grands propriétaires, aurait signifié le retour du régime corrompu et détesté du dictateur Batista que la révolution de 1959 avait renversé. En quelques heures, le débarquement anticastriste se transforma en un fiasco retentissant pour l'administration Kennedy.

Non seulement la politique américaine n'avait pas permis d'abattre le régime castriste, mais elle l'avait repoussé dans le camp de l'URSS et avait montré au monde entier qu'un petit peuple de huit millions d'habitants pouvait tenir tête à la plus grande puissance mondiale.

Les États-Unis n'abandonnèrent jamais l'idée d'écarter les dirigeants castristes du pouvoir et, malgré cet échec, ils allaient maintenir jusqu'à aujourd'hui l'embargo économique contre Cuba.

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