Cuba : Le pouvoir veut encourager le profit privé20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Cuba : Le pouvoir veut encourager le profit privé

Le 6e congrès du Parti Communiste cubain s'est ouvert samedi 16 avril en célébrant les cinquante ans du fiasco nord-américain de la baie des Cochons. Mais un millier de délégués ont aussi approuvé trois cents réformes, dont une partie est déjà en vigueur, visant à la « libéralisation » de l'économie.

L'actuel président, Raul Castro, 80 ans en juin prochain, a été élu premier secrétaire du parti en remplacement de son frère Fidel, qui a salué les réformes engagées. Celles-ci incluraient des suppressions de postes dans la fonction publique, des coupes dans les budgets sociaux et un renforcement du secteur privé, qui s'est déjà développé depuis que le tourisme a relayé l'économie sucrière après la fin de l'URSS et de l'aide économique qui allait avec.

La suppression progressive de la libreta, ce carnet de denrées alimentaires distribuées chaque mois assurant une quinzaine de jours de vivres indispensables, est symbolique du sens de ces réformes. Bien que Raul Castro prétende qu'il « n'y aura jamais d'espace pour les "thérapies de choc" à l'encontre des plus nécessiteux », la libreta est devenue, selon lui, « un fardeau insoutenable ». Le secteur social de l'économie cubaine devrait donc se réduire, au profit du secteur privé. À ceux qui tireront profit des réformes, le régime promet qu'ils pourront désormais revendre leur maison pour en tirer profit ou acheter une voiture récente, toutes choses qui étaient jusqu'à présent difficiles ou réservées à des privilégiés.

Le régime va donc continuer d'accorder des patentes permettant d'ouvrir un commerce ou une petite entreprise privée. Depuis octobre dernier, 200 000 Cubains en auraient bénéficié, mais 30 000 auraient déjà fait faillite, et 250 000 de ces patentes devraient être distribuées d'ici à la fin de l'année. En revanche, sur l'annonce faite l'an dernier du licenciement à terme de 500 000, voire un million de fonctionnaires, Raul Castro s'est contenté d'évoquer une « réorganisation de la force de travail » qui devrait conduire à « réduire les listes gonflées du personnel du secteur d'État ».

Les dirigeants cubains continuent d'affirmer que leur régime est « socialiste ». Mais la révolution cubaine a été avant tout une révolution nationaliste, cherchant à desserrer l'emprise des compagnies américaines sur Cuba, et non pas à remettre en cause le système de domination capitaliste lui-même. Aujourd'hui, c'est celui-ci qui se venge, montrant qu'il n'y a pas de solution à l'échelle d'un seul pays, et encore moins d'une seule petite île.

C'est sous la pression de l'impérialisme et de ses « marchés » que les dirigeants cubains remettent aujourd'hui en cause ce qui, jusqu'à présent, avait fait que, pour les classes pauvres et sur certains aspects, la santé notamment, la vie quotidienne soit moins difficile à Cuba que dans le reste de l'Amérique latine, même si l'embargo imposé par les États-Unis créait par ailleurs des difficultés de toutes sortes. Car le véritable socialisme ne peut exister sans remettre en cause ce système impérialiste, et cela à l'échelle du monde.

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