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Leur société
Prime de 1 000 euros : Sarkozy nous paye de mots
C'est le 7 avril, lors d'une visite organisée dans une entreprise du Puy-de-Dôme, que Nicolas Sarkozy annonçait que le gouvernement préparait un dispositif pour contraindre les entreprises à augmenter les salaires. « Je ne peux pas accepter que pour les entreprises du CAC 40, on ait pu distribuer plus de 80 milliards d'euros de dividendes pour les actionnaires et que, en même temps, on explique qu'il n'y a pas d'argent pour les salaires », déclarait-il sur un ton faussement indigné !
C'est ensuite François Baroin, ministre du Budget, qui est revenu sur ces promesses, ne parlant plus d'augmentation des salaires mais simplement du versement d'une prime exceptionnelle d'au moins 1 000 euros pour tous les salariés des entreprises distribuant des dividendes aux actionnaires.
Laurence Parisot, présidente du Medef, s'est aussitôt insurgée contre cette proposition qu'elle a déclarée « dangereuse pour l'emploi » ajoutant : « Comment accepter que l'État décide de la politique salariale de chaque entreprise, au risque de tuer l'envie d'entreprendre et d'étouffer la liberté créatrice ? » Rien de moins...
Que d'indignation pour une prime de 1 000 euros. Mais la réaction patronale a amené Christine Lagarde et Xavier Bertrand, ministres de l'Économie et du Travail, à minimiser encore leur projet de loi. Premièrement, ont-ils précisé, cette prime ne sera versée que si les dividendes de l'entreprise progressent par rapport à l'année précédente. Deuxièmement, elle n'aura pas un caractère obligatoire dans son montant. Troisièmement, rien pour les salariés des entreprises ne distribuant pas des dividendes, même si elles font des profits, sauf si elles ont un carnet de commande bien rempli, et dans ce cas la prime pourrait être exonérée de cotisations sociales. Enfin, il n'y aurait rien pour les salariés du public. Par ailleurs le montant de la prime ne serait pas fixé par le gouvernement, mais négocié dans chaque entreprise. Donc chaque direction d'entreprise pourra user de sa « liberté créatrice » pour poser des conditions restrictives d'ancienneté, d'assiduité, de contrat de travail, ou d'autres.
Ces nouvelles promesses sur l'augmentation des salaires rappellent les déclarations tonitruantes de Sarkozy en 2009, sur le partage des bénéfices en trois tiers, entre les actionnaires, les salariés et les investissements.
Une nouvelle fois, on nous sert des promesses de bonimenteur suivies d'effets d'annonce, de paroles gratuites et de... rien dans les poches des travailleurs. Cela s'appelle se payer leur tête.