Le gaz de schiste n'a pas la cote20/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2229.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

Le gaz de schiste n'a pas la cote

Des milliers de personnes ont manifesté le week-end des 16 et 17 avril contre les projets d'exploitation du gaz de schiste, dans le sud du pays ainsi qu'en Seine-et-Marne, où des permis de forage ont été accordés par le gouvernement il y a un an.

Depuis quelques semaines pourtant, au gouvernement, la prudence est de mise... depuis un rassemblement sur ce sujet fin février en Ardèche. Après la ministre de l'Écologie, qui s'était voulue rassurante sur les techniques d'extraction utilisées, c'est son prédécesseur Borloo qui, après avoir pourtant délivré les permis à trois groupes pétroliers, dont Total, a reconnu avoir « manqué de vigilance ». Le député UMP de Seine-et-Marne, Christian Jacob, s'est empressé de déposer une proposition de loi visant à interdire l'exploration et l'exploitation, réussissant à prendre de vitesse ses collègues du Parti Socialiste sur la question. Après le ministre de l'Industrie, Besson, c'est le Premier ministre qui parle d'annuler les permis déjà accordés.

Il est tellement tentant, pour les capitalistes, de se lancer en France dans l'exploitation de ce gaz enfermé dans les microfissures des couches de schiste : des milliers de milliards de mètres cubes de cet hydrocarbure seraient contenus, à portée de foreuse, dans les gisements du sud du pays. Le procédé d'extraction par fracturation hydraulique, mis au point par le groupe d'armement texan Halliburton, est déjà utilisé avec profit depuis dix ans aux États-Unis : de 2006 à 2008, la part des gaz de schiste dans leur production de gaz y est passée de 3 % à 9 % et devrait atteindre 14 % cette année à en croire l'Institut français du pétrole.

Tout ce branle-bas de ministres a pour but d'éviter au gouvernement sarkozyste un nouvel écueil, treize mois avant l'élection présidentielle, alors que leur chef est de plus en plus bas dans les sondages. Or un rapport officiel vient, aux États-Unis, appuyer les inquiétudes des opposants à l'extraction du gaz de schiste : il révèle qu'entre 2005 et 2009 quatorze compagnies qui s'y sont livrées ont utilisé, additionnées à l'eau sous pression envoyée pour fracturer la roche, « plus de deux mille cinq cents produits pour la fracturation hydraulique contenant sept cent cinquante substances chimiques (...), dont vingt-neuf sont connues pour être cancérigènes, ou suspectées comme telles, ou représentant des risques pour la santé et l'environnement ». Outre les risques de surutilisation d'eau potable dans des régions déjà frappées de sécheresse, outre les conséquences sur la stabilité des sols ainsi traités, il apparaît donc que les nappes phréatiques pourraient être gravement polluées.

Les candidats à l'exploitation du gaz de schiste jurent naturellement qu'il n'y aura pas de pollution. Les ministres gesticulent et affirment qu'ils seront vigilants. Mais on comprend qu'une grande partie de la population n'accorde plus aucune foi à toutes ces déclarations et soit convaincue que sa seule garantie est de s'opposer fermement à toutes leurs tentatives.

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