Loi de bioéthique : Révision a minima et poids de l'obscurantisme10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

Loi de bioéthique : Révision a minima et poids de l'obscurantisme

Le 8 février a commencé au Parlement la discussion sur la révision des lois de bioéthique. Celles-ci en fait portent sur des sujets aussi variés que la procréation médicale assistée, qui permet à un couple stérile d'espérer avoir un enfant, ou les dons d'organes, en passant par les recherches sur les embryons et les cellules-souches.

Évidemment on peut trouver légitime ce souci de « légiférer » et d'encadrer de telles recherches, ne serait-ce que pour protéger les individus. L'exemple abject du trafic d'organes (reins, cornée, etc.) dans certains pays montre que, dans cette société, le corps humain peut être une marchandise comme une autre, et ce pourrait être aussi le cas pour des embryons ou des cellules embryonnaires.

En France, la loi de bioéthique a été votée en 1994 et le principe de sa révision tous les cinq ans adoptée pour pouvoir s'adapter aux progrès de la science. Mais la révision proposée en 2011 n'apportera pratiquement aucun changement, ce que justifie le ministre de la Santé Xavier Bertrand en disant que nous avons « une loi équilibrée » et que « nous n'avons pas besoin d'une révolution en matière de bioéthique ». L'assistance médicale à la procréation restera donc limitée aux couples hétérosexuels (30 000 couples par an) et refusée aux femmes célibataires et aux couples homosexuels. La recherche sur l'embryon et les cellules-souches restera interdite et passible de sept années d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende, seules étant autorisées les « recherches susceptibles de permettre des progrès médicaux majeurs ».

Devant ce quasi-statu quo, les scientifiques protestent. Le généticien Axel Kahn parle d'un dispositif « absurde ». François Olivennes, professeur de médecine spécialiste des troubles de la fertilité, estime que cette loi « rétrograde » met la France « à la traîne dans ce domaine par rapport aux autres pays européens ».

Valérie Pecresse, la ministre de la Recherche, a justifié l'absence de révision de la loi par le fait que « l'embryon, c'est potentiellement une personne ». C'est aussi au nom de cette défense de l'embryon, de ses « droits » et du respect qui lui serait dû, que se mobilisent les adversaires de l'IVG, qui n'admettent pas le droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir d'avoir ou pas un enfant.

Le maintien dans la loi de la quasi-totalité des interdits montre que le gouvernement reste sensible aux pressions de ce que la société compte de plus réactionnaire, à commencer par l'Église catholique. À l'heure où la science permet des progrès considérables, des législations rédigées sous l'influence de forces rétrogrades d'un autre âge lui rognent encore les ailes.

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