Maison de retraite La Cerisaie - Amilly-Montargis (Loiret) : Un déménagement catastrophe10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Maison de retraite La Cerisaie - Amilly-Montargis (Loiret) : Un déménagement catastrophe

À la mi-janvier, les résidents de la maison de retraite de Chalette, près de Montargis, ont été déménagés vers le site de l'hôpital d'Amilly, dans les bâtiments flambant neufs de La Cerisaie, nouvel établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

La direction s'était vantée d'avoir « gagné le pari » de déménager 180 personnes en deux jours. Certes, des collègues de l'hôpital sont bien venus donner des coups de main en heures supplémentaires pour aider à faire les paquets des résidents, les déménager et les installer dans leurs nouveaux services. Mais la direction n'avait pas prévu plus de deux ou trois agents en supplément pour aider à l'organisation, dans un environnement nouveau qui désoriente résidents et agents.

Dix jours après, un résident en colère commentait : « On nous a fait des réunions avec projections de diapos pour nous préparer au changement, c'était beau sur l'écran, mais on ne nous avait pas annoncé qu'on aurait devant nous au moins six mois de galère pour que tout fonctionne à peu près bien ! »

Car c'est toute l'organisation qui va de travers. Le tour de soins et d'aide aux toilettes prend tellement de temps que les aides-soignantes ne prennent plus de temps de pause et de repas et partent en retard. Les résidents mangent maintenant avec un service à l'assiette qui prend si longtemps que nombre d'entre eux partent avant la fin du repas.

Les manques d'effectifs se sont révélés encore plus dramatiques avec cette nouvelle organisation. Des aides-soignantes sont sur les rotules, elles n'arrivent plus avec les infirmières et les ASH à retrouver l'ambiance familiale qui réconfortait les résidents à Chalette. Le 1er février, après une assemblée générale avec la CGT, elles ont décidé de monter à la direction pour dénoncer leurs conditions de travail et demander du renfort. Le directeur a dû se résoudre à les recevoir, se disant que sinon il n'arriverait pas à se débarrasser de la trentaine d'agents en colère bloquant le couloir de l'administration.

Il a alors essayé de les intimider, en leur reprochant de se laisser prendre en otages par les syndicats qui ne respectaient pas les protocoles de réunions, etc. Il lui a été répondu que pour les agents c'était plutôt la direction qui contraignait les résidents à vivre dans des conditions difficiles, avec un personnel exploité et malmené. Les témoignages ont fusé de toutes parts pour raconter la galère du travail avec aussi peu de moyens. Une aide-soignante a demandé s'il trouvait humain qu'elle ait travaillé sept week-ends sur neuf alors qu'elle élève seule son enfant.

Le directeur a fini par dire qu'il réfléchirait à l'organisation avec les cadres, qu'il fallait refaire un point, chiffrer le poids de l'autonomie moyenne des résidents, réévaluer avec le conseil général, et qu'il verrait pour rajouter une infirmière de nuit.

Les agents sont reparties plutôt fières de s'être organisées collectivement et d'avoir réussi à lui en faire rabattre, mais aussi prêtes à revenir à la charge s'il le faut.

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