Signalisation et Sécurité - Tours : Grève contre les patrons magouilleurs et licencieurs10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Signalisation et Sécurité - Tours : Grève contre les patrons magouilleurs et licencieurs

En janvier, c'est lors d'un Comité central d'entreprise du groupe SES, dont les plus grosses unités de production de panneaux de signalisation se situent en Indre-et-Loire (à Tours et à Chambourg-sur-Indre), que la direction a rendu publique son intention de licencier 106 salariés sur un effectif total de 500, répartis dans quatre usines et plusieurs agences commerciales.

Lundi 7 février, à l'occasion d'un nouveau CCE tenu à Tours, près de 300 travailleurs se sont mis en grève pour la journée, rejoints dans la matinée par leurs collègues de l'usine de Chaudun dans l'Aisne. Pour dénoncer les licenciements et la menace de fermeture pure et simple de leur unité, ces travailleurs, partis en car dès 3 heures du matin, sont arrivés avec leurs banderoles proclamant : « Qui sème la misère récolte la colère », ou encore : « Les patrons licencient, licencions les patrons ».

En CCE, les patrons ont non seulement confirmé leur projet, mais ils ont affirmé ne pas avoir de budget pour financer le plan de licenciements, évoquant la nécessité de vendre des locaux pour y faire face. Ils ont même eu le culot d'annoncer qu'en 2011 ils envisagent de supprimer les primes et de baisser de 5 % les salaires ! L'information a été reçue à grand renfort de sifflets et de cris par les grévistes, contents d'être au moins au coude-à-coude pour y faire face, et confortés par les coups de klaxon de sympathie des nombreux chauffeurs routiers qui empruntent l'axe devant SES. Des discussions entre travailleurs ressortaient non seulement l'inquiétude devant la crainte d'un dépôt de bilan, mais aussi l'exaspération suscitée par le fait qu'après avoir magouillé et engrangé les bénéfices, les patrons voudraient maintenant faire payer la note aux salariés.

Jusqu'en 2006, SES était une filiale d'Aximum, dont le groupe Bouygues est la société « consolidante ». Après le désengagement d'Aximum, la SES a été rachetée par ses anciens cadres, dont le patron actuel qui vient d'annoncer les licenciements.

Or mars 2006, c'est la date à laquelle une perquisition dans un grand restaurant parisien a mis au jour un cartel d'entente sophistiqué entre huit entreprises - dont SES - qui se sont entendues illégalement pendant une dizaine d'années sur la quasi-totalité des marchés de la signalisation routière lancés par les collectivités publiques en France. Aux dires de l'autorité de la concurrence, ce marché annuel est estimé au bas mot à 250 millions d'euros. Il s'en est suivi un procès en pénal actuellement en cours. L'Autorité de la concurrence, quant à elle, prononçait fin décembre 2010 une sanction de 52,7 millions d'euros à l'encontre des huit compères, sitôt revue à la baisse pour les entreprises qui « n'ont pas contesté les griefs » et qui se sont engagées à « prévenir la mise en oeuvre de telles pratiques à l'avenir ». La sanction infligée à SES est ainsi passée de 1,65 million à 700 000 euros...

Aujourd'hui, les patrons se disent dans l'obligation de licencier du fait de la baisse des commandes. Ils invoquent un décrochage du chiffre d'affaires 2010 de 74 à 67 millions d'euros. Autrement dit, après les gros profits et les magouilles patronales, il faudrait accepter que ce soit les travailleurs qui trinquent en perdant leur emploi. Ils ont toutes les raisons de ne pas l'accepter.

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