Le gouvernement français dit avoir suspendu toute vente d'armes à destination de l'Égypte depuis le 27 janvier dernier. Quelques jours auparavant, il s'était retrouvé un peu embarrassé lorsque la presse avait révélé qu'il livrait encore des grenades lacrymogènes à la dictature tunisienne à quelques jours seulement de la chute de Ben Ali.

Ainsi, depuis des années la France vend des armes au dictateur égyptien. Elle a paraît-il un savoir-faire reconnu dans la production de matériel de répression d'émeutes, de grenades lacrymogènes entre autres, et elle en équipe la police égyptienne. Mais elle a également vendu à l'Égypte deux escadrons de Mirage, fabriqués par Dassault, et des hélicoptères militaires Gazelle. Le soutien de la France à la dictature se traduit aussi par des entraînements communs entre l'armée française et l'armée égyptienne, tel le programme Nefertari.

La France ne joue en réalité qu'un rôle de second ordre en Égypte, bien loin derrière les USA, et cela remonte à l'intervention américaine dans le conflit de Suez en 1956. Les États-Unis fournissent chaque année à l'Égypte des armes pour un montant variant entre 1,5 et 2 milliards de dollars et, cette somme dépassant les moyens de l'État égyptien, le gouvernement américain offre régulièrement à l'Égypte des remises partielles de dettes ainsi que du matériel de seconde main de l'armée américaine. De plus, 600 soldats américains sont basés en permanence en Égypte, dans la péninsule du Sinaï, et l'armée américaine organise des formations pour l'armée égyptienne, dont la dernière, dite Bright Star, remonte seulement à octobre 2009. Elle avait pour objectif la préparation à « des opérations militaires en terrain urbain » - comprendre des opérations contre les émeutes populaires. Vingt-cinq mille militaires américains y avaient participé.

L'armée égyptienne est en fait quasi entièrement équipée et formée par les USA. Quand on dit que Moubarak est une marionnette des États-Unis, ce n'est pas une simple façon de parler.