Hôpital de la Croix-Rousse (Lyon) : Un nouveau bâtiment et des conditions de soins qui se dégradent10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Hôpital de la Croix-Rousse (Lyon) : Un nouveau bâtiment et des conditions de soins qui se dégradent

Depuis octobre 2010, le service de Réanimation médicale de l'hôpital de la Croix-Rousse a été transféré dans le nouveau bâtiment médico-chirurgical (BMC), un bâtiment immense où les soignants s'épuisent à essayer de maintenir un minimum de qualité des soins et d'hygiène.

La taille des locaux fait que les soignants sont isolés les uns des autres, alors que l'entraide est nécessaire quand l'état d'un malade s'aggrave, mais qu'il faut en même temps prendre en charge les autres. C'est devenu malaisé. Le personnel galope, arpentant les couloirs pour aller chercher les médicaments urgents ou le sang à la pharmacie, située en dehors du BMC.

Les soignants ont maintenant des difficultés pour finir toutes leurs tâches durant les douze heures de travail de jour (pansements, examens divers, adaptation des traitements, perfusions, etc). L'équipe de jour laisse fréquemment du travail à l'équipe de nuit, qui elle-même n'arrive pas à finir et en laisse à l'équipe suivante : une fuite en avant infernale. Pour les médecins, le turn-over des malades doit être rapide, car ils ont peur que l'administration ferme des lits s'ils ne font pas assez d'activités.

Pour libérer des lits de réanimation, la direction a décidé l'ouverture de cinq lits de soins continus, qui vont accueillir les malades de Réanimation allant un peu mieux mais encore très instables. En Réanimation, la direction est obligée de respecter des normes d'effectifs, ce qui n'est pas le cas pour les soins continus. Aussi, pour faire des économies, elle voulait ouvrir le service sans aide-soignant la nuit.

Cela a fait déborder la colère. Comment une infirmière peut-elle assurer seule la nuit les soins médicaux et les soins dits de confort, changes et nursing ? Ce serait un degré de plus dans la dégradation des conditions de soins et de travail. Le personnel a réagi en décidant la grève à l'unanimité et avec des actions fortes (blocage des lits, conférence de presse, tract au personnel et à la population).

Mercredi 2 février la direction générale, sous la pression des médecins du service et de la mobilisation du personnel, a accordé un poste d'aide-soignant de nuit... mais en le partageant en quatre entre la Réanimation médicale, les urgences de Cardiologie et de Réanimation chirurgicale et, en plus, devant assurer tous les transports de corps la nuit jusqu'au dépôt mortuaire ! Cette proposition a encore provoqué la colère et renforcé la détermination. Jeudi 3 février, une vingtaine de soignants se sont retrouvés aux portes de l'hôpital pour distribuer des tracts aux usagers, en présence de la presse et de FR3. Comme tous les personnels sont assignés en service minimum, informer les usagers est primordial.

Dans ce nouveau bâtiment, ce sont toutes les équipes soignantes qui galèrent. Souhaitons que l'exemple de la réaction du personnel de la Réanimation médicale soit contagieux.

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