Sanofi Aventis - Romainville (Seine-Saint-Denis) : Quand le leader du CAC 40 tue l'emploi28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans les entreprises

Sanofi Aventis - Romainville (Seine-Saint-Denis) : Quand le leader du CAC 40 tue l'emploi

Mardi 19 et mercredi 20 octobre, les travailleurs du centre de production Sanofi Aventis de Romainville (Seine-Saint-Denis) ont bloqué le site, pour se faire entendre d'une direction qui prépare la fermeture de cette usine mais restait sourde aux exigences de ceux dont elle va supprimer les emplois.

Depuis cette annonce de fermeture, les travailleurs luttent pour obtenir des reclassements pour tous, en région parisienne ou sur le site de leur choix pour ceux qui accepteraient de partir en province. Ils veulent aussi les dédommagements financiers qu'exige une telle situation, imposée par la direction.

Les ouvriers de plus de 55 ans ont, pour la plupart, trente ou quarante ans de travail en 3x8, de nuit ou en 5x8, dans cette usine de production biochimique où les fermenteurs doivent être alimentés en continu. Ils n'aspirent qu'à partir en préretraite pour avoir enfin le temps de vivre, mais la direction refuse de les laisser partir avant la fermeture en 2014. Production oblige ! Pour elle, les jeunes devraient être remplacés par des intérimaires et se trouver des reclassements, tandis que les plus âgés devraient continuer de produire !

Or, depuis vingt-cinq ans, Sanofi Aventis supprime des emplois dans la chimie de la région parisienne. Cela rend désormais impossible le reclassement de ces ouvriers dans leur métier. La direction propose actuellement 90 postes en région parisienne, dont trente postes de cadres. Pour les 200 ouvriers, techniciens de laboratoire et employés de Romainville, même en déduisant la soixantaine de postulants à la préretraite, on est loin du compte. Cela signifie aussi que beaucoup devront s'engager dans des formations.

Le personnel s'est mobilisé jour après jour, enchaînant les débrayages et les manifestations devant les différents sièges sociaux du groupe et dans les rues de Romainville et Pantin. La direction ne lâchant pas, la décision de bloquer l'usine a donc été prise.

Prévenus par une de leurs « oreilles », le directeur et deux autres responsables se sont rendus à leurs bureaux dès 4 h 30-5 h du matin. Les grévistes, eux, sont arrivés à 5 h 45 pour fermer les grilles de l'extérieur avec des chaînes et des cadenas et sont restés dehors sur le trottoir.

À 6 h 30, voyant que personne ne venait à l'embauche, les patrons ont réalisé que le personnel était dehors et eux enfermés dedans. « Mais, a dit le directeur, vous avez fermé l'usine et laissé les ouvriers dehors », provoquant l'éclat de rire des grévistes : « N'est-ce pas ce que vous vouliez ? Fermer l'usine et nous mettre tous dehors ! » et la mine déconfite du directeur et de ses adjoints !

Plus tard, quand ceux de journée sont arrivés, les trois mêmes arrivèrent en demandant : « Que tous ceux qui veulent travailler aillent s'inscrire à l'autre entrée. » Mais à cette entrée, cadenassée elle aussi, ils retrouvèrent tout le personnel qui disait : « Moi, moi, je veux un emploi ! » Et tout le monde d'inscrire son nom...

Après ce ratage, un huissier vint essayer de constater l'entrave à la liberté du travail, demandant à la cantonade : « Est-ce que quelqu'un ici est empêché de travailler ? » Pas de réponse.

Les trois responsables repartirent dans leur bureau, pas fiers, alors que l'ambiance était bonne parmi les grévistes.

Au bout du compte, la direction a fini par lâcher des compensations financières : primes de mutation, primes de poste en partie compensées sur huit ans, indemnités de licenciement d'au moins 50 000 euros, et de 70 000 euros pour ceux qui quitteraient l'entreprise pour réaliser un projet personnel, etc.

La lutte a payé, mais elle continue pour qu'il n'y ait aucun licenciement, aucune mutation contrainte en province, pour obtenir des reclassements et des formations qui aient l'assentiment des intéressés, et aussi pour que les anciens puissent partir au plus tôt.

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