États-Unis : Les dirigeants de l'UAW et de General Motors veulent réduire de moitié les payes28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

États-Unis : Les dirigeants de l'UAW et de General Motors veulent réduire de moitié les payes

Le 16 octobre, plus de 200 ouvriers et retraités de l'automobile américains ont manifesté devant le siège de l'UAW, le syndicat des travailleurs de l'automobile, pour protester contre l'accord que les dirigeants du syndicat ont passé avec General Motors et qu'ils refusent de soumettre au vote des travailleurs concernés.

En effet les dirigeants syndicaux ont donné leur accord pour que l'usine d'assemblage de General Motors à Lake Orion, non loin de Detroit, puisse réduire de moitié la paye de 40 % du personnel. Cette usine de 1 200 salariés a arrêté ses fabrications l'an dernier et va ouvrir début 2011 pour fabriquer un petit modèle. Les ouvriers, actuellement au chômage, vont être rappelés par ordre d'ancienneté. Mais déjà la direction propose à certains d'accepter des mutations dans d'autres usines, parfois à plusieurs centaines de kilomètres, s'ils veulent conserver leur paye, leur ancienneté et leurs avantages sociaux. S'ils refusent, ils seront réembauchés à Lake Orion, mais au nouveau tarif.

L'opposition à ce nouveau chantage est telle que les dirigeants syndicaux refusent de soumettre cet accord indigne au vote des travailleurs de l'usine. Il faut dire que les ouvriers de GM Indianapolis, soumis eux aussi à un chantage à la baisse des salaires, ont désavoué tout récemment et avec éclat les dirigeants de l'UAW.

Cet accord pourri a suscité de l'indignation et de l'inquiétude bien au-delà de l'usine de Lake Orion et au-delà de General Motors, d'autant que c'est en 2011 que les accords dans l'automobile viennent à échéance et que l'UAW va être amené à négocier de nouveaux contrats chez GM, mais aussi chez Ford et Chrysler.

Mais l'argument des dirigeants syndicaux ne fait qu'aviver les inquiétudes, car ils osent justifier l'accord par le fait qu'il s'agit de construire une petite voiture ! Les travailleurs doivent abandonner la moitié de leur paye et de leurs avantages sociaux pour démontrer qu'il est possible de construire « une petite voiture avec profit pour GM en Amérique ». Bob King, le président du syndicat, affirme qu'il s'agit d'une exception et que, si GM se met à fabriquer des camions dans cette usine, il faudra qu'elle revienne aux anciens salaires. Mais il ajoute que cela ne se fera pas ailleurs... sauf si l'on peut amener Ford ou Chrysler à produire aux États-Unis une petite voiture qu'ils n'y produisaient pas avant. Dans ce cas, dit-il, un accord similaire « pourrait s'examiner ».

Inutile de dire que cela n'a rassuré personne. Et, au rassemblement devant le siège du syndicat, se sont retrouvés des travailleurs et syndicalistes venant de trois États différents, des usines GM du Michigan et aussi de l'Ohio ou d'Indianapolis, mais aussi de Ford et de Chrysler.

Les dirigeants de l'UAW sont confrontés à une contestation de plus en plus ouverte et déterminée de leur politique propatronale. La conscience que les attaques contre les uns sont des attaques contre tous et la défiance croissante envers les dirigeants syndicaux pèseront lors du prochain renouvellement des contrats. Et les liens qui se tissent et se renforcent à chaque protestation sont un atout indispensable pour s'organiser face à cette échéance et pour préparer l'avenir.

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