Pendant une assemblée récente du personnel pour défendre leur retraite, les grévistes clermontois d'EDF ont appris que des actionnaires étaient invités par la direction à visiter les installations et à déguster un buffet bien garni. Surpris et révoltés, une bonne centaine de grévistes décidèrent de se joindre à cette sauterie prévue sans eux.

Il fallait voir la tête des responsables du site, surtout quand les travailleurs firent preuve de bonne volonté en aidant le traiteur à décharger sa marchandise du camion frigorifique. Les actionnaires n'en virent pas la couleur car les alléchantes victuailles n'arrivèrent pas jusqu'à la table dressée pour eux : comme il était midi, les grévistes avaient faim...

Pendant ce temps, des cadres et des actionnaires manifestement pas très heureux de voir cette invasion de grévistes durent entendre certaines vérités. Un actionnaire posa la question : « Que font-ils là ? » et se vit répondre : « On est chez nous, monsieur ». Un autre osa déclarer : « On leur donne de l'argent pour qu'ils puissent travailler, et ils sont là ! ».

L'un des grévistes interpella le directeur du site, devant les actionnaires : « Les dividendes qu'ils reçoivent, c'est sur le dos d'emplois sacrifiés et aussi sur le dos des usagers qui voient les tarifs qui augmentent et qui augmenteront encore. Les bénéfices se font au détriment des investissements nécessaires et de l'entretien, ce qui entraîne un vieillissement prématuré du réseau. »

C'était bien ce que pensaient les grévistes, en colère de voir EDF préférant verser des dividendes substantiels aux actionnaires plutôt que réinvestir et augmenter les salaires.