Une enquête réalisée par la direction de Pôle emploi, auprès de 100 000 chômeurs ayant internet fait ressortir un « fonctionnement positif ». Du moins d'après Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi.

Si lui est satisfait, ce n'est pas le cas d'agents de Pôle emploi ni des demandeurs d'emplois, puisque quatre sur dix déclarent ne pas être informés sur le marché local de l'emploi et presque tous déclarent leur grande solitude dans la recherche d'un travail.

Pourtant les missions de Pôle emploi sont, en plus de régler les allocations, « d'accueillir, d'orienter et d'accompagner dans la recherche d'emploi les chômeurs ». Mais faute de personnel suffisant, c'est la grande pagaille !

4 217 000 demandeurs d'emplois devraient être suivis, dont 1,7 million n'ont pas ou plus droit aux allocations. En moyenne, chaque conseiller s'occupe de cent chômeurs, au lieu de soixante comme l'avait promis Christine Lagarde lors de la fusion de l'Unedic et de l'ANPE. Mais ce chiffre explose dans de nombreux départements. En Seine-Saint-Denis, dans les communes de Montreuil, de Saint-Denis, de Bobigny ou de La Courneuve, c'est de 200 à 300 dossiers de chômeurs que doit s'occuper chaque conseiller, des chômeurs à recevoir normalement en entretien tous les mois ou tous les trimestres. Mission impossible !

Aussi, depuis le printemps 2010, ces entretiens peuvent être réalisés par téléphone ou par internet avec les chômeurs qui en disposent. Mais si le demandeur d'emploi rate un rendez-vous téléphonique, pour quelque raison que ce soit, l'informatique le bascule automatiquement vers la radiation et la perte des allocations. Comme le regrette et dénonce un conseiller dans Le Parisien du 25 octobre :« Non seulement, sur 100 coups de fil passés, seul un sur deux aboutit, mais quand j'ai loupé quelqu'un, avec 250 chômeurs en portefeuille, je ne peux pas prendre le temps de rappeler ».

Le même processus de radiation automatique des droits entre en action pour les absences au pointage téléphonique obligatoire en début de mois. Pas étonnant dans ces conditions que, chaque mois, des dizaines de milliers de demandeurs d'emplois soient radiés à cause de rendez-vous manqués, d'erreurs ou de futilités.

Les recours ne sont pas faciles contre les radiations, ils doivent se faire dans les quinze jours auprès du directeur de l'agence ou au tribunal administratif. Et la récupération des droits n'est pas rétroactive !

Wauquiez se dit satisfait du fonctionnement de Pôle emploi. Il est satisfait en réalité que le téléphone, internet et l'informatique, renforcent et facilitent les suppressions automatiques d'allocations et de droits à des centaines de milliers de chômeurs.