Grande-Bretagne : Le plan d'austerité de Cameron, une machine de guerre contre les travailleurs28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Grande-Bretagne : Le plan d'austerité de Cameron, une machine de guerre contre les travailleurs

Après des mois de préparation médiatique, le gouvernement de David Cameron a rendu public le 20 octobre un plan d'austérité qui complète son « budget d'urgence » de juin dernier.

Sous prétexte de combler le déficit béant laissé par le sauvetage des banques, les dépenses de l'État seraient réduites de 13 % (93 milliards d'euros) d'ici à 2015, et ses recettes augmentées de 38 milliards d'euros, essentiellement par le passage de la TVA de 17,5 à 20 % en janvier 2011.

COUVERTURE SOCIALE ET EMPLOIS MENACES

Les plus touchés seront les plus vulnérables : un cinquième des réductions budgétaires visent les allocations des handicapés, des travailleurs en invalidité et des foyers les plus pauvres. Les méthodes coercitives contre les chômeurs, héritées de l'ère travailliste, seront renforcées. Et qu'importe s'il y a des dizaines de candidats par offre d'emploi ! Le ministre du Travail Duncan-Smith n'a-t-il pas eu le culot de dire aux chômeurs gallois d'« enfourcher leurs vélos » ?

Au-delà, c'est l'ensemble de la classe ouvrière qui est visée, non seulement par la hausse de la TVA mais surtout par les conséquences directes et indirectes des réductions budgétaires.

S'agissant des retraites, non seulement leur pouvoir d'achat sera réduit par un changement d'indexation - et leur montant baissé dans le public - mais l'âge de la retraite passera à 66 ans en 2020 (contre 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes). Et encore Cameron a-t-il précisé que ce n'était qu'un « début » !

Mais surtout, il est prévu que 460 000 emplois publics (9 % du total) disparaissent, auxquels viendraient s'ajouter, suivant des estimations officielles, 500 000 à 600 000 emplois privés, du fait de la chute des investissements publics.

Qui plus est, le gouvernement en profite pour renforcer le parasitisme du capital sur les fonds publics. La santé publique en particulier sera l'objet d'une réorganisation supprimant les organismes chargés de la coordination régionale des établissements et transférant au privé de nombreuses fonctions spécialisées, ce qui promet d'aggraver le chaos et le rationnement de soins et sera d'autant plus coûteux pour l'État qu'il lui faudra payer les dividendes des actionnaires. Une réorganisation du même type est prévue dans l'enseignement, où la disparition de 40 000 postes d'enseignants est déjà annoncée.

LES SERVICES MUNICIPAUX A L'ENCAN

Mais c'est surtout dans les municipalités que cette privatisation risque de faire des ravages. Ces dernières gèrent plus d'un quart des dépenses de l'État et sont responsables d'une infinité de services à la population, dans tous les domaines. Or Cameron leur a donné carte blanche pour réduire leurs dépenses, quelles qu'en soient les conséquences pour les services municipaux, tout en promettant des aides pour sous-traiter une part plus importante de ces services au privé.

Déjà 22 % des dépenses municipales sont sous-traitées, ce qui a réduit la paie et aggravé les conditions de travail des salariés sous-traités. En plus des licenciements, on risque donc d'assister à une nouvelle détérioration pour ceux des 2,3 millions de travailleurs municipaux qui garderont un emploi. On peut d'ores et déjà s'en faire une idée car, avant même que les mesures du gouvernement soient passées dans la législation, des dizaines de municipalités ont commencé à les anticiper.

Plusieurs grandes villes ont ainsi sommé l'ensemble de leurs salariés de signer un nouveau contrat de travail comportant baisse de salaire et aggravation des conditions de travail, sous peine de licenciement. D'autres, ou les mêmes, ont commencé à faire le vide en licenciant tous leurs salariés précaires (15 % en moyenne). Dans une ville par exemple, les soins à domicile ont été interrompus après le licenciement de la majorité des travailleurs qui en étaient chargés. Ailleurs, une municipalité rurale a annoncé qu'elle comptait passer tous ses services en sous-traitance (et donc licencier tout son personnel, sauf ses directeurs et ses comptables). Une municipalité londonienne vient d'annoncer qu'elle compte faire payer certains de ses services, jusque-là gratuits, aux habitants. On peut ainsi multiplier les exemples, il y en a chaque jour de nouveaux.

Tout cela n'empêche pas Cameron de soutenir mordicus que le patronat privé, la « locomotive de la reprise » selon lui, aura tôt fait de remplacer les emplois ainsi supprimés, alors que depuis deux ans ce patronat licencie à tour de bras et, lorsqu'il embauche, n'offre que des emplois précaires à temps partiel ! Mais qu'importe : ces mesures n'ont de toute façon qu'un seul but : profiter du prétexte de la crise pour offrir à la bourgeoisie une plus grande part de la manne étatique, aux dépens des classes laborieuses. Reste à savoir si celles-ci se laisseront faire.

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