Retraites : La grève à la SNCF28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Le mouvement au jour le jour

Retraites : La grève à la SNCF

Entamée le 12 octobre à la SNCF, la grève contre la réforme des retraites s'est poursuive au-delà du week-end du 23-24, n'en déplaise au gouvernement et à la direction de la SNCF qui n'ont cessé d'en minimiser la réalité.

La grève est restée particulièrement importante chez les conducteurs. Ainsi, d'après les chiffres publiés par la direction, lundi 25 octobre les agents de conduite en Midi-Pyrénées étaient toujours en grève à 56 %, en Languedoc-Roussillon à 45 %, en Auvergne à 49,2 %, à Paris-Saint-Lazare à 49,3 %, en Lorraine à 46,8 %. La grève se poursuivait aussi dans de nombreux ateliers et chantiers, bien que souvent de façon plus minoritaire.

Depuis son début, le mouvement a été marqué par l'absence de corporatisme, puisque la conviction dominait au contraire que seul son élargissement à d'autres fractions du monde du travail pouvait permettre de l'emporter. Traduit dans le langage du rail, cela devenait « On veut bien être une locomotive, mais des wagons doivent se trouver derrière. » Et loin que cela soit un simple souhait, de nombreux grévistes se sont employés à mettre en pratique cette volonté d'entraîner d'autres travailleurs. Les dizaines de milliers de cheminots en grève disséminés sur tout le territoire ont manifesté, distribué des tracts, organisé des assemblées et des actions communes avec d'autres travailleurs.

Ces contacts et rencontres, partout encouragés ou du moins tolérés par les directions syndicales, sont un précieux acquis du mouvement.

Au lendemain de la journée nationale du 19 octobre, les interrogations devenaient toutefois plus nombreuses. Certes, la contestation s'était étendue. Le mouvement existait bel et bien en dehors des cheminots, en particulier dans les raffineries et dans certaines entreprises privées ou publiques. La jeunesse lycéenne s'était mobilisée, apportant son nombre et son dynamisme. Certes, la journée du 19 avait à nouveau mobilisé des millions de manifestants, mais la grève n'avait pas encore le caractère contagieux nécessaire à sa victoire.

Par ailleurs, au soir du 19 et pour la première fois, aucune autre journée de mobilisation n'avait été annoncée par les directions syndicales, qui n'avaient prévu de se réunir que le jeudi 21. Et quand la journée de grève et de manifestations du jeudi 28 octobre a finalement été programmée, certains se demandaient : « Pourrons-nous tenir jusque-là ? » Eh bien oui, la grève a continué !

Dans certaines assemblées, à la suite des déclarations de Didier Le Reste, le secrétaire de la fédération CGT des cheminots et d'autres dirigeants syndicaux, la possibilité de faire grève 59 mn ou 3 h 59 par jour a été évoquée. Mais nombreux furent encore les cheminots qui choisirent de rester en grève totale. « Ce n'est pas quand les CRS s'en prennent aux travailleurs des raffineries, que nous allons reprendre », disaient des cheminots, tandis que d'autres poussaient à continuer et à utiliser toutes les énergies pour préparer le 28.

Mardi 26, n'ayant pas réussi à entraîner d'autres secteurs significatifs du monde ouvrier, la grève continuait à s'effriter. Mais le mouvement, dont les cheminots sont partie prenante, a déjà, et c'est beaucoup, percé le mur de la résignation face aux attaques du gouvernement et du patronat. En cela, il a contribué à redonner confiance à bien des travailleurs, ce que ne manqueront pas de rappeler tous ceux qui manifesteront le 28 octobre et les jours suivants.

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