Haïti : Et maintenant le choléra28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Haïti : Et maintenant le choléra

Une épidémie de choléra s'est déclarée en Haïti. Partie de la région centrale de l'Artibonite, où coule le fleuve du même nom, elle menacerait désormais la capitale Port-au-Prince. Cette maladie extrêmement contagieuse aurait déjà fait plus de 250 morts et entraîné l'hospitalisation de 3 300 personnes.

Des chiffres sûrement inférieurs à la réalité, et de toute façon provisoires, car dans ce pays tous les facteurs sont réunis pour que l'épidémie s'étende et s'aggrave : les conditions de vie désastreuses de la population, surtout dans les camps de réfugiés, le manque d'accès à l'eau potable, l'insuffisance des installations sanitaires.

Et ce ne sont pas les aides d'urgence promises par les États-Unis, la France, le Canada et d'autres États, si tant est qu'elles soient vraiment acheminées et dans de brefs délais, qui permettront d'enrayer l'épidémie. Or il y a urgence car, en l'absence de soins immédiats, basés sur une simple réhydratation et des antibiotiques si nécessaire, le malade qui souffre de violentes et fréquentes diarrhées peut mourir en quelques heures. Pour éviter que l'épidémie ne se propage, il faut également informer la population des mesures à prendre, distribuer massivement des moyens pour purifier l'eau qu'elle utilise ainsi que des kits d'hygiène pour limiter la dispersion des matières fécales.

Or tout cela fait défaut. Pourtant, au lendemain du séisme du 12 janvier, les promesses d'aide se sont succédé. Aux côtés d'Obama, de Sarkozy, les chefs d'État d'une cinquantaine de pays avaient promis une dizaine de milliards de dollars pour la reconstruction. Pourtant récemment Bill Clinton, l'ex-président américain nommé à la tête de la Commission pour la reconstruction d'Haïti, se plaignait qu'à peine 30 % des fonds promis aient été réellement débloqués, et là-dessus bien moins encore ont effectivement été affectés aux besoins immédiats de la population. Il en va de même des milliards collectés par les ONG qui étalaient leur sigle devant les caméras au lendemain de la catastrophe.

Dans les régions touchées, seule une infime partie des gravats a été déblayée et à peine 13 000 abris temporaires ont été construits, soit moins de 10 % de ce qui serait nécessaire pour reloger provisoirement les 1 500 000 sinistrés du tremblement de terre, qui s'entassent toujours dans les camps ou des abris de fortune.

Dans ce pays qui était déjà l'un des plus pauvres de la planète avant le séisme, le choléra, qui n'avait plus fait d'apparition depuis plus d'un siècle, traduit à sa manière le recul des conditions de vie de la population. Un recul dont les dirigeants occidentaux portent, par leur inaction, toute la responsabilité.

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