Retraites : Une retraite de Chérèque ?28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Leur société

Retraites : Une retraite de Chérèque ?

Au cours de l'émission « Mots croisés » du lundi 25 octobre, qui réunissait Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, Laurence Parisot, présidente du Medef, Bernard Thibault pour la CGT et François Chérèque pour la CFDT, pour débattre de la situation du mouvement contre le projet du gouvernement sur les retraites, Chérèque s'est adressé à la représentante du patronat en ces termes : « Le patronat a voulu cette réforme. Il faut absolument maintenant entrer dans les négociations sur l'emploi des jeunes, l'emploi des seniors. »

Ravie de l'opportunité que lui offrait Chérèque, Parisot a réagi sur-le-champ, déclarant qu'elle « était d'accord pour qu'on ouvre une délibération sociale, pour voir si l'on peut, sur le sujet évoqué par François Chérèque, commencer à travailler ensemble ». Et d'ajouter, pour que les choses soient claires : « Ce serait une bonne façon de passer à autre chose. »

Cela fait des semaines que le gouvernement et le patronat manoeuvrent pour dissocier les représentants des confédérations syndicales qui, depuis le début du mouvement sur les retraites, font front commun dans la contestation. Une unité, ce n'était un mystère pour personne, qui est bien précaire. Elle résulte bien plus de l'attitude du gouvernement, qui s'était refusé à dialoguer avec ses interlocuteurs syndicaux habituels, que de la volonté des dirigeants syndicaux d'engager les salariés dans une lutte déterminée contre la politique du gouvernement.

Cela fait des semaines que Chérèque est l'objet de la sollicitude des ministres, des députés et des sénateurs de la majorité. Fillon lui avait déjà fait les yeux doux lors d'une interview sur TF1, le 17 octobre dernier, en lui disant, racoleur en diable et avec oeillades appuyées, que sa porte lui était toujours ouverte. Il faut dire que Chérèque a des antécédents qui justifient l'approche des ministres. C'est lui qui, en 2003, avait signé un accord avec le même Fillon, alors ministre du Travail d'un gouvernement dirigé par Raffarin, sur une réforme qui prévoyait, déjà, le recul de l'âge de la retraite et l'allongement de la durée de cotisation dans la fonction publique.

L'échange d'amabilités entre le dirigeant de la CFDT et la représentante du patronat annonce-t-il un ralliement de Chérèque au gouvernement ? Plusieurs ministres y ont vu plus qu'un tournant dans le mouvement contre la réforme des retraites. Christine Lagarde se félicite d'« un retour au dialogue » présageant une fin rapide du conflit. Woerth s'est lui aussi réjoui que l'on puisse dorénavant dialoguer sur autre chose que les retraites, puisque selon lui, « la réforme étant votée, il n'y a plus à en discuter ».

Il faut souhaiter que leur impatience à applaudir la fin du mouvement soit démentie par les faits. Pour l'instant, la CFDT a continué à appeler à la journée de grèves et de manifestations du jeudi 28 octobre. Le nombre de participants à cette journée, qui, faut-il le rappeler, se situe en pleines vacances scolaires, sera un signe fort. Pour montrer d'abord au pouvoir et au patronat, mais aussi aux dirigeants syndicaux qui sont tentés d'abandonner le terrain de la lutte sociale pour les salons de Matignon ou autres lieux dits de « dialogue » plus calmes, que la lutte de classe est toujours au rendez-vous, pour faire front aux mesures antiouvrières, celles qui se mettent en place aujourd'hui mais aussi celles que l'équipe Sarkozy prépare pour un avenir proche.

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