Haïti : Neuf mois après le séisme Rien n'a changé20/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2203.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C168%2C229_crop_detail.png

Dans le monde

Haïti : Neuf mois après le séisme Rien n'a changé

De fortes pluies ainsi que des vents violents s'abattent sur Haïti, plus particulièrement depuis la fin du mois de septembre, provoquant des inondations, des glissements de terrain et de nombreuses victimes.

Dans la capitale Port-au-Prince et sa région, dix personnes sont mortes et trois autres sont portées disparues après les pluies de la mi-octobre. Située à une trentaine de kilomètres de la capitale, la ville de Léogane, détruite à 80 % lors du séisme du 12 janvier, a été particulièrement touchée par les intempéries. « Plus de 4 000 familles vivant sous des tentes sont affectées », indique la Protection civile. A la fin de septembre et début octobre, dans le sud du pays, quatorze personnes avaient déjà été tuées à la suite des intempéries et, dans les camps de sinistrés, au moins 8 000 tentes avaient été détruites.

C'est que, neuf mois après le séisme du 12 janvier, et malgré les milliards de dollars d'aide collectés en faveur d'Haïti, 1,5 million de sinistrés continuent à croupir, entassés dans des centaines de camps de fortune. Et avec le temps, leur situation n'a fait qu'empirer, la saison des pluies menaçant encore plus ces centaines de milliers de pauvres qui, pour se protéger eux et leurs enfants des torrents d'eau et de boue, n'ont que des abris précaires faits de morceaux de bois et de bâches, ou des tentes.

En fait, neuf mois après, rien n'a été reconstruit. Port-au-Prince et les autres villes touchées par le séisme restent des champs de ruines. Au lendemain du séisme, les puissances occidentales, dont la France, avaient pourtant fait semblant de se soucier du sort des victimes, promettant des milliards d'aide à la reconstruction, mais à peine 15 % des fonds promis ont été débloqués. Et la population n'en a pas beaucoup vu la couleur. Ce n'est pas la publicité faite autour de la récente signature conjointe d'Hilary Clinton et de Bernard Kouchner pour la reconstruction d'un hôpital qui change fondamentalement la situation. En fait, les grandes puissances se sont bien plus préoccupées du déploiement d'une force armée, capable de s'opposer à une éventuelle révolte de la population, que de satisfaire ses besoins vitaux. Il en est de même des ONG : après s'être montrées devant les caméras au lendemain de la catastrophe et avoir capté un maximum de dons, après avoir paradé dans des 4x4 climatisés et occupé les hôtels de luxe ayant résisté au séisme, beaucoup ont commencé discrètement à plier bagages.

Pourtant était-il si difficile, pour des pays capables en quelques jours de transporter en Irak ou en Afghanistan des dizaines de milliers de soldats ainsi que l'armement et la logistique qui vont avec, de construire les milliers de logements en dur et les infrastructures que la population haïtienne attend toujours ? Quant aux ONG, avec les fonds drainés, n'avaient-elles pas les moyens de satisfaire les besoins des sinistrés pour qu'ils ne crèvent pas de faim et de maladie ? Au lieu de cela, elles ont commencé à suspendre le peu d'aide alimentaire et en eau potable qu'elles apportaient dans les camps.

En fait, la situation catastrophique des sinistrés dans les camps est le dernier des soucis de tous ces gens-là. Qu'ils ne s'étonnent pas si demain, lassés d'attendre une reconstruction qui ne vient pas, les pauvres d'Haïti se révoltent et prennent eux-mêmes leur sort en main, en se servant directement dans les stocks alimentaires et dans les dépôts de matériel de construction !

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