Victimes de l'amiante : Après la manifestation du 9 octobre20/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2203.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C168%2C229_crop_detail.png

Dans les entreprises

Victimes de l'amiante : Après la manifestation du 9 octobre

Comme les années précédentes, la manifestation organisée par l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) et la Fédération des accidentés du travail (Fnath), soutenue par la CGT, la CFDT et les mutuelles de France, a réuni samedi 9 octobre à Paris plusieurs milliers de personnes venues de toutes les régions. Cette année, son mot d'ordre était : « Ceux qui vont mourir plus tôt doivent partir en retraite plus tôt ! ».

Des pancartes disaient : « Wladislas 64 ans, mort 4 ans après la retraite », « Francis, 54 ans, mort avant la retraite », « René. j'ai respiré de l'amiante, malade à 43 ans ». Les orateurs de la Fnath et de l'Andeva ont dénoncé la prétendue prise en compte de la pénibilité du travail dans la loi du gouvernement contre les retraites.

Aujourd'hui, il y a toujours plus de six ans d'écart entre l'espérance de vie d'un cadre supérieur et celle d'un ouvrier, et plus de dix ans si l'on considère l'espérance de vie en bonne santé. Pour pouvoir encore partir à 60 ans, comme avant, si la nouvelle loi était appliquée, il faudrait un taux d'incapacité de 10 %, reconnu par une commission de trois médecins. Mais bien des malades de l'amiante ont une incapacité inférieure, et ils en meurent. À Dunkerque, sur 450 personnes mortes d'un cancer dû à l'amiante, 200 avaient une incapacité de 5 %. Les plaques pleurales sur les poumons, qui n'étaient selon les avocats des patrons qu'un « signe d'exposition », ont ensuite évolué et un cancer inguérissable s'est déclaré.

Depuis la fin des années 1990, l'allocation de préretraite amiante (Acaata) permet le départ à partir de 50 ans dans seulement quatre secteurs d'activités, sur la base d'une année de travail en moins pour trois années effectuées. Mais elle n'a pas été étendue à toutes les branches professionnelles concernées par l'amiante, dont le bâtiment, la sidérurgie. Et pas aux autres causes de maladies professionnelles. Et puis elle est le plus souvent trop modique.

La loi Woerth qui, si elle était appliquée, aggraverait la condition des travailleurs victimes de l'amiante, serait probablement suivie de son durcissement par un futur gouvernement sous un prétexte quelconque.

F. Desriaux pour l'Andeva a fustigé une loi « où la mort prématurée de ceux qui se sont levés tôt va permettre des économies pour financer la retraite de ceux qui fréquentent le Fouquet's, afin qu'ils en profitent encore davantage ». Il a appelé à participer aux manifestations du 12 et du 16 octobre.

La manifestation comprenait une délégation des victimes d'Eternit des villes italiennes dans lesquelles la multinationale de l'amiante a sévi : Reggio Emilia, Casale Monferrato. Dans cette ville du Piémont, il y a 50 nouveaux cas de cancers de l'amiante chaque année. Plus de 1 000 travailleurs d'Eternit en sont morts ainsi que 500 habitants, intoxiqués par l'air vicié. 2 900 travailleurs et leurs familles ont attaqué les propriétaires d'Eternit et un procès pénal se tient en ce moment à Turin. Pour qu'il en soit de même en France, l'Andeva appelait à accompagner une délégation de veuves le 19 octobre à l'Assemblée nationale.

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