Chili : Après le sauvetage de 33 mineurs Le président en représentation20/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2203.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C168%2C229_crop_detail.png

Dans le monde

Chili : Après le sauvetage de 33 mineurs Le président en représentation

Après une visite à Londres, où il a rencontré le Premier ministre David Cameron et la reine Élizabeth, Sebastian Pinera, président de la République chilienne, est arrivé en France, pour rencontrer entre autres Nicolas Sarkozy, avant de s'envoler pour l'Allemagne, pour un rendez-vous avec Angela Merkel.

À chacun de ses hôtes, le président chilien distribue quelques petits morceaux de roches remontés de la mine de San José par les mineurs qui y sont restés ensevelis plus de deux mois et demi.

Se servant de façon indécente de l'émotion suscitée par le sauvetage spectaculaire des trente-trois mineurs ensevelis après un éboulement dans la mine chilienne, et profitant de la présence des télévisions du monde entier qui, pour une fois, et pour un bref moment, s'intéressaient aux conditions de travail des mineurs, Sebastian Pinera joue aujourd'hui à bon compte les héros.

Depuis la localisation des mineurs ensevelis et après avoir, selon le journal espagnol El Païs, retardé les opérations de secours jusqu'à son arrivée sur place, celui qui a été surnommé le « Berlusconi chilien » a tout fait pour apparaître au premier plan jusqu'au bout, jusqu'au dernier mineur rescapé. Et ce n'est pas fini. Il prépare actuellement une exposition itinérante dans le pays, pour montrer des objets utilisés par les mineurs et par les sauveteurs... et surtout pour se montrer.

Après la fin de l'opération de sauvetage, Sebastian Pinera - homme d'affaires milliardaire, élu président de la République du Chili en mars 2010 - a annoncé que des poursuites seraient engagées contre les propriétaires de la mine de San José. Il a promis aux Chiliens une « amélioration de nos systèmes, de nos attitudes et de nos processus pour mieux respecter la vie, l'intégrité et la dignité de nos travailleurs, et pas seulement dans les mines, mais aussi dans les champs, dans la construction, dans le transport, dans la pêche. » À Londres, il a annoncé que le Chili allait ratifier la convention du Bureau international du travail (BIT) sur la sécurité et la santé des travailleurs des mines, convention datant de 1995.

Les familles des mineurs ensevelis n'avaient pas attendu le président pour dénoncer le non-respect des règles élémentaires de sécurité dans la mine de San José et la responsabilité criminelle des propriétaires de la mine. Mais ils avaient également dénoncé la responsabilité de l'État, et donc indirectement de son chef, à qui incombe la décision d'autoriser ou pas la mise en exploitation d'une mine, et plus particulièrement celle du Service national de géologie et des mines, qui avait autorisé en 2008 la réouverture de la mine, fermée en 2007 à la suite d'un accident mortel, alors qu'aucune amélioration n'avait été apportée aux conditions de sécurité.

« Il a fallu qu'il nous arrive cette tragédie, que nous soyons sur le point de mourir, pour qu'ils se préoccupent de la sécurité », commentait Edison Pena, l'un des trente-trois rescapés, après sa sortie de l'hôpital jeudi soir, 14 octobre.

Les promesses du président chilien en la matière valent ce qu'elles valent. Sans doute pas grand-chose car, pour éradiquer véritablement l'insécurité du travail dans les mines chiliennes, et ailleurs, il faudrait empêcher de nuire les patrons qui spéculent sur la crainte du chômage et sur la pauvreté pour imposer aux mineurs des conditions de travail qu'ils savent dangereuses, voire mortelles.

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