Retraites : Ils reviennent à la charge18/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2133.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Ils reviennent à la charge

Au détour d'une petite phrase, Brice Hortefeux, le ministre du Travail, évoquant l'Allemagne qui va relever l'âge de départ en retraite jusqu'à 67 ans, a présenté cette mesure comme une « piste » pour « sauver »la retraite en France. Les autres « pistes » étant l'allongement de la durée de cotisation ou la baisse des pensions.

Il n'en a pas fallu davantage pour que la présidente du Medef, Laurence Parisot, lui emboîte le pas et affirme qu'il fallait relever l'âge légal de départ en retraite, allonger les durées de cotisation, peut-être « aller un peu plus loin dans tous les mécanismes d'épargne retraite qui existent aujourd'hui » - le genre « d'épargne » qui, aux État-Unis, a sombré dans la spéculation boursière, laissant les salariés sans emploi et sans retraite... Et elle affirme qu'il faut maintenant travailler au minimum jusqu'à 63 ans et demi pour garantir le financement des retraites, sinon « nous allons dans le mur ».

Le « nous » est remarquable, car pour le moment, ceux qui trinquent, ce sont les travailleurs, pas les patrons ! D'abord, parce que les réformes successives de 1993 à 2003 ont augmenté la durée de cotisation, modifié le mode de calcul des retraites basé désormais, dans le privé, sur les vingt-cinq meilleures années au lieu des dix meilleures, avec l'indexation de la hausse des pensions sur les prix et non plus sur les salaires : tout cela a entraîné une baisse bien réelle des revenus des retraités. Quant au report de l'âge de départ en retraite, il est réel, lui aussi, pour tous ceux qui veulent avoir une retraite complète et ont encore la possibilité et la force de travailler quelques années supplémentaires.

Mais le plus scandaleux dans les propos de Parisot et du gouvernement, c'est que l'accroissement du déficit de la branche vieillesse de la Sécurité sociale, qui imposerait ces mesures, est le résultat d'une pratique systématique de licenciements pour augmenter les profits, pratique qui s'est amplifiée ces derniers mois. Le gouvernement le reconnaît lui-même : la crise et la flambée du chômage ont fait plonger les recettes de la Sécurité sociale. Et quand on finit de vider les caisses pour renflouer les banques, on voit très clairement qui est responsable du déficit.

La seule « piste » possible pour les travailleurs, ce n'est pas d'accepter de travailler plus longtemps ou de partir avec une retraite de plus en plus maigre, c'est d'imposer l'arrêt des licenciements aux patrons qui pillent les caisses de l'État et dilapident l'argent public.

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