Attaque annoncée contre les retraites et contre tous les salariés18/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2133.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Attaque annoncée contre les retraites et contre tous les salariés

Les panneaux d'affichage des élections européennes ne sont même pas rangés que le gouvernement tire une nouvelle salve contre les salariés. Sous prétexte de déficit de la Sécurité sociale, le ministre du Travail a prétendu à la télévision qu'il n'y a que trois choix pour que la caisse de retraite soit équilibrée : diminuer le montant des pensions, augmenter les cotisations, ou repousser l'âge de la retraite. Lui se déclare favorable à la troisième solution.

En brandissant la somme de 24 milliards d'euros de déficit pour la Sécu, Hortefeux n'a pas évoqué pour comparaison les centaines de milliards d'euros de trou dans les comptes des banques que le gouvernement s'est empressé de combler. Pour la caisse de retraite, l'État se déclare impuissant. Pour les banquiers, l'État a payé !

Il s'agit pourtant, dans le premier cas, de la vie de millions de retraités d'aujourd'hui et de demain, alors que, dans le deuxième cas, il ne s'agissait que de sauver la mise à quelques centaines de banquiers ou de spéculateurs de la finance.

C'est d'autant plus infâme que, si le déficit de la Sécurité sociale augmente, ce n'est pas parce que les salariés se soignent mieux, mais parce qu'il y a de plus en plus de chômeurs et de moins en moins de cotisations qui rentrent.

En évoquant les trois choix entre lesquels il hésite et qui, tous, aggravent la condition des travailleurs, Hortefeux a omis d'en ajouter un autre : prendre l'argent dans les sommes consacrées aux banques, justement, ou dans celles du bouclier fiscal.

Parmi les mesures évoquées par le ministre du Travail, il y a aussi l'autorisation du travail du dimanche. Pour un nombre croissant de travailleurs, il n'y a plus de travail, même les jours de semaine ! Mais le gouvernement se préoccupe d'offrir ce petit cadeau aux grandes chaînes de distribution, qui revendiquent depuis longtemps de pouvoir exploiter leurs travailleurs et gruger leur clientèle même le dimanche.

Si le gouvernement s'est fait plus discret le temps d'une campagne électorale, le patronat n'a ni interrompu ni modéré ses attaques. Pendant que les ministres soûlaient les électeurs de paroles sur « une Europe meilleure », les patrons continuaient à licencier, à supprimer des emplois, à fermer des usines.

Les officines de statistiques officielles elles-mêmes ont constaté que le nombre de destructions d'emplois est sans précédent depuis qu'il existe des statistiques à ce sujet.

Il est évident que ces attaques ne s'arrêteront pas. La crise est loin d'être terminée et il n'est pas du tout dans l'intention de la classe capitaliste d'en faire les frais. Les patrons ne se contentent pas d'accompagner la crise, c'est-à-dire de licencier en fonction de la mévente de leur production. Ils anticipent. Les courbes montantes des licenciements et du chômage s'accompagnent inévitablement de l'aggravation de l'exploitation pour ceux qui gardent leur emploi.

Cela ne pourra pas continuer ainsi. Il est vital pour les travailleurs de se défendre par la lutte collective, le seul moyen de faire reculer le grand patronat.

Les directions syndicales, plus préoccupées de garder leur rôle de négociateurs avec le gouvernement et le Medef que de changer vraiment le rapport des forces, n'ont pas de stratégies orientées dans ce sens.

L'insuccès de la journée du 13 juin ne résulte certes pas d'une « fatigue sociale », comme a osé le dire un dirigeant syndical, mais de l'absence d'une stratégie de mobilisation claire.

Les dirigeants politiques les plus responsables se gardent cependant de triompher, et à juste raison. Ils savent, et l'histoire est là pour le leur rappeler, que même si des directions syndicales se veulent responsables devant le patronat et le gouvernement, en cherchant à éviter que des désordres sociaux mettent en danger le fonctionnement de l'économie capitaliste, cela n'est pas une garantie suffisante pour endiguer une explosion sociale.

Car les boutefeux, ce sont les patrons, avides, ce sont les financiers, insatiables, ce sont ceux qui, forts de leur dictature sur l'économie, sont habitués à ce que les gouvernements considèrent leurs exigences comme des ordres et que leurs décisions soient acceptées comme inévitables. Jusqu'à ce que la mesure de trop, la provocation de trop, déclenche l'explosion qui les contraindra à reculer !

Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 juin

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