Israël : Netanyahou accepte... un non-État palestinien18/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2133.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Netanyahou accepte... un non-État palestinien

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a répondu au discours du Caire de Barack Obama le 14 juin, près de Tel Aviv, par un discours de politique étrangère, le premier depuis l'élection de février dernier.

Sa principale cible, « la plus grande menace pour Israël, le Proche-Orient et le monde entier », reste, comme on pouvait s'y attendre, l'Iran du président Ahmadinejad récemment réélu et son arme nucléaire. Les dirigeants israéliens ont besoin d'une menace à indiquer pour faire oublier celle que représente leur propre politique.

Car en matière de relations israélo-palestiniennes non plus, Netanyahou n'a pas surpris. Tout en déclarant théâtralement aux Palestiniens : « Nous voulons vivre à vos côtés en relation de bon voisinage », il ne fait que poursuivre dans la voie empruntée par les précédents gouvernements qui leur dénient depuis 1967 tout droit à vivre dans le cadre d'un véritable État indépendant et souverain.

Les mots « État palestinien » ont été prononcés. Mais pour poser tant de « conditions préalables » qu'ils résonnent comme une provocation à l'égard des Palestiniens, des Arabes israéliens comme des peuples arabes voisins. Non seulement cet État n'en serait pas un, puisqu'il devrait être totalement démilitarisé, son espace aérien restant contrôlé par Israël - mais il ne pourrait pas inclure Jérusalem, cette ville devant, selon Netanyahou, demeurer unifiée et capitale du seul Israël !

En préalable à la naissance de cet État-avorton, Netanyahou impose encore une condition : la reconnaissance de l'État d'Israël comme « la nation du peuple juif », ce qui signifie reléguer au passage un peu plus officiellement le million et demi d'Arabes israéliens dans leur position de citoyens de seconde zone, et pratiquement leur dénier le droit d'être là... sans même parler de celui des réfugiés à revenir.

Rien n'a été dit, naturellement, sur le tracé des limites de cet éventuel État, les dirigeants israéliens n'ayant nulle intention de revenir d'eux-mêmes aux frontières d'avant juin 1967. Quant à la politique de colonisation, elle a donné lieu à un bel exercice de double langage, puisque le Premier ministre a prétendu qu'Israël ne construirait pas de nouvelles colonies, celles qui existent se contentant de répondre à la croissance naturelle de la population ; curieusement, la « croissance naturelle » des colons est trois fois supérieure à celle de la population israélienne dans son ensemble. Un véritable mensonge donc, puisque les colonies continuent de s'étendre, ainsi que les infrastructures permettant cette extension, au sein même de la Cisjordanie en en faisant une peau de chagrin pour les Palestiniens.

Il est donc évident également que, selon les intentions du gouvernement Netanyahou, les expulsions de Palestiniens de Jérusalem-Est continueront, que les 10 000 détenus palestiniens resteront emprisonnés, que le blocus de Gaza qui écrase de plus en plus ses habitants se poursuivra, et que les ferments de la guerre israélo-palestinienne resteront bien vivants.

Ces vingt minutes de discours ont pourtant suffi au porte-parole de Barack Obama pour saluer comme un « important pas en avant » d'Israël ces déclarations pourtant encore en retrait par rapport aux positions officielles des précédents gouvernements israéliens. Cela augure bien mal du prétendu changement d'attitude de l'administration américaine au Proche-Orient.

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