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Gabon : Après la mort de Bongo, Sarkozy se soucie de l'avenir des intérêts français
Sarkozy a donc fait le déplacement en grande pompe à Libreville pour assister aux obsèques d'Omar Bongo, le dictateur récemment décédé après avoir passé plus de quarante-et-un ans à la tête du Gabon. Il y a d'ailleurs retrouvé Chirac et une quinzaine de chefs d'État, la plupart d'Afrique francophone. À leur arrivée, ils n'ont pas échappé à quelques huées à l'adresse des dirigeants français, si bons amis de Bongo
Plusieurs groupes français comme Axa, Bolloré ou Air France avaient également tenu à adresser leurs condoléances par l'envoi de couronnes mortuaires. Était également présent Loïk Le Floch-Prigent, l'ancien patron d'Elf.
Une manière pour tous ces gens-là de marquer leur reconnaissance vis-à-vis de Bongo, l'ancien agent des services secrets français propulsé à la tête de cette ex-colonie en janvier 1968 grâce au soutien de De Gaulle et des réseaux de Foccart, conseiller aux Affaires africaines. Depuis cette date, Bongo n'avait cessé de défendre les intérêts de l'impérialisme français, en lui permettant notamment d'installer une base militaire à partir de laquelle les troupes françaises purent intervenir au Tchad, au Cameroun, au Congo et dans tous les conflits de cette région que la France considérait comme son pré carré.
Bongo a aussi permis aux grands groupes français de piller les richesses naturelles du pays, à commencer par son pétrole, mais aussi son manganèse, son gaz, son fer, ses bois précieux et plus récemment ses gisements d'uranium.
S'il savait être généreux avec ses protecteurs français, finançant les grands partis de droite comme de gauche, Bongo sut aussi détourner une immense fortune à son profit et au profit de son clan. D'ailleurs, malgré les réticences de l'Elysées, la justice avait dû ouvrir une procédure contre lui pour détournement de fonds et plus d'une trentaine de biens immobiliers « mal acquis » en France.
Quant aux quatre décennies de dictature de Bongo, elles ont moins profité à la population qu'aux agents immobiliers, aux grandes formations politiques et aux groupes pétroliers français. En dépit des richesses naturelles du pays, le niveau de vie de la plupart des Gabonais n'a guère progressé depuis l'indépendance.
Mais ce n'est pas cela qui préoccupe Sarkozy et ses semblables, c'est l'incertitude qui règne quant à la succession de Bongo, des troubles qui pourraient en résulter et d'éventuelles pertes de marchés. Dès l'annonce de l'hospitalisation de Bongo, la France avait d'ailleurs renforcé discrètement son dispositif militaire... L'impérialisme français, encore une fois, montre qu'il tient à son pré carré africain.