Quelle suite au 22 mai ?30/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2078.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Quelle suite au 22 mai ?

Cela devient de la folie furieuse pour les prix de l'essence et du gazole ! Là où il fallait débourser 30 ou 40 euros pour faire un plein il y a à peine un an, il en faut aujourd'hui le double. Et on nous affirme que ce n'est pas fini !

Les trusts pétroliers, les spéculateurs et l'État sont associés dans une opération de pillage dont toute la population est victime. Les premiers, pour s'enrichir de manière éhontée au détriment des consommateurs. Et l'État, qui se refuse à baisser les taxes énormes qu'il prélève. Les pêcheurs ont été les premiers à se révolter, mais d'autres suivront, ceux dont la profession exige une grande consommation de carburant.

La hausse continue des prix de l'essence et du gazole devient insupportable, aussi, pour cette majorité de travailleurs qui ont besoin de leur voiture pour aller au travail. Elle s'ajoute à l'emballement des prix de produits de première nécessité, produits laitiers, pâtes, riz, fruits, légumes, qu'elle accentue encore.

Et cela, alors que les salaires n'augmentent pas et que le passage à 41 du nombre d'années de cotisation pour toucher une retraite complète entraînera inévitablement une baisse du montant des pensions.

C'est une attaque généralisée contre le pouvoir d'achat du monde du travail. Salaires, prix, retraites, emploi, tout cela rend indispensable, vitale, une contre-offensive de l'ensemble des travailleurs contre le patronat et le gouvernement.

La journée d'actions du 22 mai dernier a été relativement bien suivie. Personne ne pouvait imaginer qu'une seule manifestation fasse reculer le gouvernement, même sur la seule question de l'allongement de la durée de cotisation retraite.

Se pose en conséquence la question de la suite indispensable à donner à la journée du 22 mai. Les dirigeants syndicaux insistent sur l'importance de l'unité entre confédérations dans la réussite de la journée du 22 mai. C'est sans doute vrai, mais si la seule conclusion qu'ils en tiraient était que les syndicats les plus déterminés s'alignent sur les plus timorés, ce serait faire de l'unité syndicale non pas un élément de la mobilisation, mais un obstacle.

Pour le moment aucune proposition n'est faite d'une nouvelle action d'ensemble. Les seules échéances prévues sont les cheminots le 2 juin, les métallos le 12 juin, les syndicats d'enseignants repoussant toute action à la rentrée de septembre. Pourquoi cette dispersion ? Certains dirigeants syndicaux la théorisent en appelant au " foisonnement des luttes " car, disent-ils, les salariés se mobiliseraient plus facilement pour des revendications catégorielles qui pourraient aboutir.

Mais c'est une mauvaise plaisanterie ! Ni le patronat ni le gouvernement n'ont l'intention de lâcher quoi que ce soit à qui que ce soit tant qu'ils ont le sentiment que le rapport de forces leur est favorable !

Appeler à des jours différents ne donne pas plus de chances d'aboutir mais, en revanche, cela disperse par avance les forces des travailleurs. Les revendications les plus vitales du monde du travail sur les salaires, sur l'emploi, sur les retraites, sont les mêmes quelles que soient la branche d'activité et la catégorie. Et c'est seulement en unissant toutes les forces pour imposer ces exigences qu'elles aboutiront.

Bien sûr, il ne s'agit pas seulement de crier " Tous ensemble " pour que cela se réalise. Mais la responsabilité des confédérations syndicales serait de proposer cet objectif-là clairement, et des actions qui soient des étapes dans cette perspective-là. Il faudrait que chaque manifestation, chaque journée d'actions, préparent une suite annoncée d'avance et qu'elles ne soient pas seulement des événements ponctuels qui finiraient par fatiguer ceux qui sont prêts à la lutte dès maintenant.

Ceux qui ont participé aux manifestations du 22 mai en sont sortis réconfortés. Réconfortés de se retrouver avec des travailleurs de différentes catégories autour des mêmes revendications. Réconfortés, pour ce qui est des travailleurs du public, par la présence de travailleurs du privé, même s'ils ne constituaient dans leurs entreprises respectives qu'une minorité.

Que l'on soit déjà prêt à la lutte ou pas encore, parvenir à la lutte d'ensemble est une nécessité. Il faut arrêter l'effondrement continu des conditions d'existence des travailleurs, et c'est le seul moyen !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 26 mai

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